Hong Kong-Chronique d'une île sous influence by Gérard A. Jaeger

Hong Kong-Chronique d'une île sous influence by Gérard A. Jaeger

Auteur:Gérard A. Jaeger [Jaeger, Gérard A.]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2012-09-09T16:00:00+00:00


Cinquième partie

L’ÎLE DE TOUTES LES CONVOITISES

Chapitre premier

HONG KONG ET SES MARLOUS

Les faits, irréfutables et sans appel, ne laissent planer aucun doute : Hong Kong a grandi sur les ruines d’une victoire militaire commanditée par des armateurs indélicats, plus contrebandiers et pirates que négociants, et cette paternité compromettante – aujourd’hui légendaire – a donné lieu pendant un siècle et demi à toutes sortes d’« histoires louches », auxquelles on aime « croire » sans savoir vraiment s’il s’agit d’un mythe ou d’une réalité morbide.

L’été 1995 ne fut pas plus criminogène que les autres saisons de l’année, ni cette période-là particulièrement troublée, mais les actes de malveillance contre les hommes et les biens perpétrés par des individus sans foi ni loi, tant sur mer que sur terre, donnent un aperçu de la fréquence du mal qui gangrène la colonie au quotidien. Cette criminalité, certes endémique, s’est longuement développée depuis les accords sino-britanniques de 1984 : comme si les triades, assurées d’une nouvelle marge de manœuvre à dater de 1997, s’apprêtaient à reconquérir le terrain perdu jadis face aux autorités coloniales et face aux lois de plus en plus coercitives qui ont caractérisé les années d’après-guerre.

Hong Kong : capitale de la drogue, métropole d’ombre et de lumières. Néons, milliardaires, fillettes vendues au plus offrant : Hong Kong, prison dorée, paradis en sursis, écrit Tony Kenrick dans Neon Tough… Les actes de brigandage ont évolué en même temps que la colonie. Passant d’une criminalité traditionnelle et individuelle, souvent axée sur la piraterie portuaire et la contrebande, les truands se sont progressivement tournés vers le grand banditisme, et l’affiliation d’une jeunesse désenchantée aux mafias chinoises d’obédience continentale a dangereusement modifié leur comportement et les a hissés au niveau international.

Les enlèvements d’hommes d’affaires hongkongais sur le territoire chinois et les demandes de rançon qui s’ensuivirent se sont ainsi multipliés au début des années quatre-vingt-dix ; mais les actions de ces nouveaux prédateurs ne sont plus aujourd’hui circonscrites aux abords de la concession : les « Chinois » exercent désormais leurs talents jusque dans les eaux internationales, voire en pays étranger jusqu’aux Philippines et Singapour, parfois avec la complicité (active ou passive) des polices locales et de l’armée. La Marine chinoise, dans la région de la rivière des Perles, s’est même illustrée dans le déroutement d’un cargo se rendant de Bangkok à Maynila, au su de tout le monde et en toute impunité. En trois mois, les affaires de ce genre ont défrayé la chronique du Sud-Est asiatique et conforté l’opinion mondiale dans l’idée, bien enracinée, que la colonie britannique demeurait une plaque tournante du banditisme et que l’immixtion de la Chine populaire dans son économie augurait d’un avenir anarchique dépourvu des garde-fous mis en place jusqu’ici par le gouvernement de la Couronne contre le crime et la corruption.

Le 13 juin 1995, un hydroglisseur assurant la liaison entre Hong Kong et Macao était détourné pour être conduit sur une petite île située dans les eaux territoriales chinoises, par des brigands venus du continent ; embarqués à Macao,



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