Hollywood monsters by Fabrice Bourland

Hollywood monsters by Fabrice Bourland

Auteur:Fabrice Bourland [Bourland, Fabrice]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2015-07-17T12:05:07+00:00


XII

À BRAS RACCOURCIS

Le quartier de Central Alameda était une concentration de petites maisons sans aucun cachet, en pierres rousses, en briques ou en stuc pour les plus fastueuses, en bois ou en tôle ondulée pour les autres, avec sur le devant un carré d’herbe pelée où s’étiolait un parterre de plantes grasses.

Situé à proximité d’une énorme usine de moteurs électriques et d’une autre, non moins importante, de pneumatiques – grosses pourvoyeuses de travail à une main-d’œuvre non qualifiée –, le secteur était surtout habité par une population de migrants venus en Californie après la Grande Dépression et, le long de Central Avenue, par des Noirs et des Hispaniques.

La portion est de la Cinquante-Septième Rue ne dérogeait point à la règle, mis à part le fait qu’elle était, sur la distance de presque deux blocs, essentiellement constituée de bungalows en préfabriqué, conçus selon le même modèle rudimentaire. Seules de légères variantes permettaient à quelques-uns de se signaler par un semblant de caractère, ici un avant-toit plus pentu, là une véranda qui débordait jusque sur les côtés, là encore trois fenêtres en façade au lieu de deux.

Le numéro 1433 était dévolu à l’une des plus petites de ces bicoques, légèrement en retrait.

Nous passâmes devant l’adresse au ralenti, prenant soin d’aller nous garer un peu plus loin, à l’angle d’Ascot Avenue, pour revenir à pied.

Bien que ce fut l’après-midi, les rideaux étaient fermés et, contrairement aux cabanons les plus proches, où des éclats de voix se faisaient entendre et où du linge séchait au bout des cordes, rien ne laissait augurer d’une présence.

Sur la véranda, un vieux rocking-chair montait la garde et, près de lui, sur une table en rotin percée, les reliefs d’une collation étaient parsemés de moisissure. Dans un coin, on avait abandonné un nombre incalculable de bouteilles, toutes vides à l’exception d’une, vraisemblablement laissée là par mégarde et au tiers remplie de mauvais alcool.

James appuya sur le bouton de la sonnette. Personne ne répondit. Le crochet de la porte-moustiquaire étant dégagé, il tira vers lui pour l’ouvrir, et, au moment où il s’apprêtait à tourner la poignée de la porte principale pour voir si elle était verrouillée, j’arrêtai son geste du bout de ma canne et donnai trois nouveaux coups de sonnette.

Cette fois-ci, un bruit de pas traînants se fit entendre. Lorsque nous eûmes encore une fois joué avec le timbre, une voix de femme gronda derrière le battant.

— Qu’est-ce qu’vous voulez ?

— Nous sommes bien chez Mrs Tomasso ? dis-je.

— Fichez-moi la paix, bande d’sales p’tits mioches !

— Vous vous trompez, nous ne sommes pas ce que vous croyez. Nous souhaitons seulement vous poser quelques questions.

— Comprenez pas c’que j’dis ? Je vais m’plaindre à vos parents !

Les premiers mots trahissaient un fort accent du Midwest combiné à une élocution quelque peu entravée. La locataire n’avait visiblement aucune intention de nous ouvrir. Il s’annonçait difficile de nouer le dialogue.

James, qui n’était jamais à court d’idées, était retourné vers le tas de bouteilles et avait ramassé celle qui contenait encore de l’alcool.



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