Histoire mondiale des services secrets by Rémi Kauffer

Histoire mondiale des services secrets by Rémi Kauffer

Auteur:Rémi Kauffer [KAUFFER, Rémi]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: EDI8
Publié: 2015-09-02T22:00:00+00:00


Barbouzes rouges au paradis du capitalisme

A quel moment Staline et les dirigeants du Komintern se sont-ils rendu compte que, à l’instar de celui de Grande-Bretagne, le Communist Party of the USA (CPUSA), trop étranger à la mentalité américaine, ne deviendrait jamais une formation de masse comparable au KPD allemand du temps de sa splendeur ou au PCF de l’époque du Front populaire ? Dès la seconde moitié des années 1930 probablement, d’où l’idée de spécialiser l’appareil clandestin de ce PC-là dans des tâches de soutien logistique aux réseaux de renseignements soviétiques d’Amérique du Nord.

Il y a plusieurs motifs à ce choix. Du fait de leur politique extérieure isolationniste et de l’insignifiance militaire qui en découle, les Etats-Unis d’avant la Seconde Guerre mondiale sont vécus par Moscou comme bien moins dangereux que la Grande-Bretagne ou la France. A cause de leur haut niveau de développement, ils offrent en revanche de sérieuses opportunités de renseignement industriel, scientifique et technologique.

Pays d’immigration enfin, les Etats-Unis sont faciles à infiltrer compte tenu de la faiblesse de leurs services de contre-espionnage. Hoover et le FBI se montrent en effet plus friands de succès faciles contre les « poids moyens » du gangstérisme que d’affrontements avec la Mafia, trop bien structurée déjà, ou de surveillance des réseaux soviétiques dont, faute de s’y intéresser, ils peinent à saisir les menées.

Ces réseaux sont en premier lieu ceux du GRU. Comme en Angleterre avec les « Cinq de Cambridge », le renseignement militaire russe est en effet parvenu à attirer dans ses filets quelques apprentis hauts fonctionnaires de fort calibre. Ils s’appellent Alger Hiss, que nous venons de croiser ; Julian Wadleigh, son collègue au Département d’Etat depuis 1936 ; Harry Dexter White, du Département du Trésor dont il deviendra le numéro 3 ; George Silverman, employé dans les services gouvernementaux de statistiques, et son alter ego Victor Perlo ; ou encore Lauchlin Currie, plus tard un des collaborateurs du président Roosevelt.

Issue des meilleures universités, cette brochette de « crânes d’œuf » associent naïveté et cynisme dans un cocktail voué au triomphe de la « rationalité marxiste supérieure ». L’idéologie comptant plus pour elle que le patriotisme, elle n’hésite pas à trahir son pays pour accélérer la venue de cet âge d’or supposé.

Une alerte se produit cependant en septembre 1939, quand la ligne du CPUSA passe brusquement du « front antifasciste » au soutien inconditionnel au pacte Hitler-Staline. Ecœuré, David Whittaker Chambers quitte le réseau, dont il était le principal agent de liaison.

Son départ met en péril l’édifice souterrain du GRU. Ce vétéran du parti, ancien rédacteur du quotidien communiste le Daily Worker, prend en effet sur lui de révéler le pot aux rouges à Adolf Berle, un des conseillers personnels du président Roosevelt. Croyez-vous qu’il sera félicité de son initiative ? Point du tout. Comme la Maison Blanche ne veut connaître que deux adversaires, les nazis et les Japonais, Berle refuse de croire ces faits trop dérangeants et choisit d’enterrer l’affaire. Le retrait de Chambers n’aura donc aucune conséquence



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