Histoire de l'Algérie. Des origines à nos jours (French Edition) by Pierre Montagnon

Histoire de l'Algérie. Des origines à nos jours (French Edition) by Pierre Montagnon

Auteur:Pierre Montagnon [Montagnon, Pierre]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Pygmalion
Publié: 1998-01-15T00:00:00+00:00


LA GRANDE GUERRE

Survient ce conflit que les contemporains dénommeront la Grande Guerre. Chez les Français d'Algérie la ferveur patriotique rejoint celle des métropolitains. 155 000 seront mobilisés57, 22000 laisseront leur vie pour la sauvegarde de la Mère Patrie. Les étrangers se montrent plus réservés. Leurs fils espèrent qu'à vingt-deux ans, âge où ils devront opter ou non pour la nationalité française, la guerre sera terminée. Ils ont tendance à ignorer les bureaux d'engagement.

La France, en lutte contre une Allemagne de 55 millions d'habitants, n'en compte que 40. En Algérie, les Européens étant normalement mobilisés, des effectifs supplémentaires ne peuvent provenir que des indigènes. Au 2 août 1914, 28390 d'entre eux servent dans l'Armée d'Afrique en tant qu'engagés et 3 878 comme appelés. De tels chiffres sont relativement modestes pour une population de 4700000 individus58. Le gouvernement général et ses services entreprennent une intense campagne de recrutement à double volet : volontariat, conscription.

Les résultats de ces efforts, s'appuyant aussi bien sur de bonnes paroles que sur des primes et la conscription, ne seront pas si mauvais : en quatre ans, l'armée française recrutera 86 519 engagés et 82751 appelés. De 120 000 à 125 000 auraient participé aux combats. Suivant des statistiques parfois contestées, 19075 auraient été tués, 6096 portés disparus, près de 72000 blessés et 8779 mutilés59.

L'incertitude prévaut sur les mobiles profonds des engagements. Attrait du métier militaire et de ses à-côtés matériels ? Attachement envers la France ? Désir de se hisser au niveau des Français par l'une des rares portes utilisables ? Tout a pu jouer. Depuis la création des unités de tirailleurs et de spahis, la France n'a jamais manqué de volontaires algériens. Outre en Algérie même, elle en a employé en Crimée, en Italie, en Indochine, en Chine, en Tunisie, à Madagascar, en Afrique noire, au Tchad, au Maroc. La guerre de 1914-1918 lui apporte une preuve supplémentaire de la réceptivité de ses appels aux armes.

Par contre la conscription, déjà mal acceptée avant la guerre, l'est encore plus les hostilités advenues. Elle provoque dans le pays une vague de protestations, d'insoumissions et de révoltes comme l'Algérie n'en avait pas connu depuis longtemps.

Les premiers incidents à l'occasion d'opérations de recensement et de mobilisation éclatent dans les Beni Chougran, commune mixte de Mascara en septembre 1914. Un chasseur d'Afrique est tué. Deux autres faits prisonniers sont retrouvés mutilés et émasculés. Des renforts doivent être envoyés dans la région Mascara-Tiaret. Des combats se prolongeront durant le mois d'octobre avant que l'ordre soit rétabli.

La révolte qui éclate à l'automne 1916 dans le Sud-Constantinois est autrement plus importante. Les pouvoirs publics y verront plusieurs origines : conscription, action de marabouts, mots d'ordre turco-allemands.

Le refus du service militaire est certainement la raison fondamentale. Les Algériens n'ignorent pas le prix des combats sur le front français et les hécatombes du début de la guerre et de Verdun. Les parents s'effraient. Le bruit a couru de la suppression du droit au remplacement. Les riches se sont sentis vulnérables à leur tour. Des membres de familles aisées se découvriront parmi les révoltés.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.