Histoire de l'Afrique du Nord by Unknown

Histoire de l'Afrique du Nord by Unknown

Auteur:Unknown
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Artège


L’allusion aux décrets Crémieux (voir plus haut) était donc très claire. Pourtant, selon Richard Ayoun (1988), là ne serait pas la cause de la révolte. Selon cet auteur, une telle interprétation serait même anachronique et relèverait d’une « légende » dont la diffusion serait postérieure aux événements.

Cette position ne peut être suivie. En effet, même si le père de Mokrani, Ahmed el-Mokrani contesta la politique française à l’époque du maréchal Bugeaud, la rupture entre son fils Mohammed el-Mokrani et la France est parfaitement datée et elle n’a pas de lien avec elle. Un retour en arrière est nécessaire afin de pouvoir le montrer.

En 1870, à l’exception des centres de colonisation et des villes, l’Algérie était administrée par l’armée, ce que contestaient les colons qui réclamaient l’imposition du régime civil. Or, le 7 mars 1870, quelques mois avant la chute de l’Empire, l’opposition républicaine étant au pouvoir avec Emile Ollivier, le parlement étendit à l’Algérie le régime républicain, remplaçant ainsi le régime militaire par le régime civil. Le maréchal de Mac-Mahon, gouverneur de l’Algérie, donna alors sa démission qui fut refusée par le gouvernement. Mokrani démissionna également de son poste de bachaga.

Le 4 septembre 1870, se produisit l’insurrection républicaine, puis la République fut proclamée et le gouvernement Gambetta arriva aux affaires. Par un décret signé par Crémieux, alors ministre de l’Intérieur et daté du 24 mars 1871, les villes et les centres de colonisation furent érigés en communes et les tribus vivant dans leur proximité leur furent rattachées. Une telle mesure signifiait qu’elles passaient sous l’autorité des maires des communes de plein exercice et, aux termes de l’article 3 de ce décret, leurs chefs devenaient des agents municipaux. Dans le cas présent :

« […] cela impliquait que le bachaga Mokrani dont la majeure partie du territoire jouxtait la commune de Bordj Bou-Arredj, tombait sous l’autorité du maire de Bordj Bou-Arredj pour devenir conseiller municipal de cette commune […]. Ce décret causa une sourde inquiétude chez les chefs indigènes qui voyaient à terme la fin de leurs prérogatives et la perte de ce à quoi ils tenaient le plus, la Heurma, c’est-à-dire la considération, les honneurs dus à leur rang » (Sicard, 2013 : 27).



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