Histoire de France (Vol 11) 1547-1572 by Histoire de France - Jules Michelet

Histoire de France (Vol 11) 1547-1572 by Histoire de France - Jules Michelet

Auteur:Histoire de France - Jules Michelet [Michelet, Histoire de France - Jules]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2014-03-25T23:00:00+00:00


CHAPITRE XIII

CHARLES IX—LE TRIUMVIRAT—POISSY ET PONTOISE

1561

Le connétable, qui faisait le malade à Étampes, arriva au galop le lendemain de la mort du roi, et, rencontrant aux portes d'Orléans la nouvelle garde créée par les Guises: «Que faites-vous là? Le roi est gardé par son peuple.» Et il les licencia, de son droit de connétable de France.

Sans nul doute il était en force. Les Châtillon venaient derrière. Mais toutes choses étaient arrangées. Guise gardait le roi, comme grand maître, et les clefs du palais; son frère, le cardinal, les finances, l'argent, c'est dire à peu près tout.

Une chose pourtant était inévitable: la France allait se voir, découvrir la blessure énorme que lui laissait ce terrible gouvernement, un gouvernement de désespérés. En doublant toutes les dépenses, il avait fait l'amère plaisanterie (pour désoler ses successeurs) de diminuer les tailles. Cette diminution eût-elle été réelle, il eût fallu la compenser par des avanies à la turque, des contributions noires, des razzias d'argent, comme ils en avaient fait eux-mêmes sur leur ami, le clergé de Paris.

Ces maîtres de la France, avec toutes leurs armes de terreur, avaient travaillé les élections, croyant surtout fermer la porte aux protestants. Ceux-ci n'en arrivent pas moins en bon nombre aux États, et la plupart des autres députés sont des protestants politiques.

On s'était figuré que les trois ordres, fondant leurs cahiers et se réunissant, choisiraient un seul orateur, le cardinal de Lorraine. Il fut respectueusement, mais positivement écarté.

La noblesse était si divisée, qu'elle ne put s'entendre et présenta quatre cahiers.

Le clergé et le Tiers restèrent en face, en deux armées compactes, l'armée des gras, l'armée des maigres.

La demande du Tiers fut que désormais le clergé, selon sa vraie institution, fût par le peuple et pour le peuple, élu par lui, le servant de ses biens pour les pauvres et les enfants, pour les hospices et les écoles. Plus de persécutions. Plus de justice vénale, plus de jugements par les valets de cour. Plus de douanes intérieures. L'économie dans les finances. Tous les cinq ans les États Généraux.

C'est la voix de 89 qui éclatait déjà de la poitrine de la France. Aussi l'homme qui parla n'eut pas besoin, comme les orateurs du clergé et de la noblesse, de lire un discours apprêté. Jean Lange, avocat de Bordeaux, avait son discours dans le cœur; les autres le lurent, lui seul parla.

Il parla à genoux. Il ne put s'expliquer sur le point capital, sans lequel le reste était vain. La bourgeoisie timide n'osa pas le toucher. Elle n'osa pas nommer les ennemis publics. Les réformes qu'elle demandait, elle en laissa le soin à ceux qu'il fallait réformer.

Le Tiers avait pourtant une force, s'il eût su en user, dans les honteux aveux qu'on apportait. Un déficit énorme apparaissait. Où trouver tant d'argent dans les remèdes proposés? L'Hospital n'osait pas parler des monstres de richesse chez qui l'on eût trouvé les vols. Il demandait aux pauvres. Il proposait une augmentation de la taille, des droits sur le sel et le vin. La noblesse, il est vrai, eût payé sa part, les nouveaux droits portant sur la consommation.



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