Heidegger. Sens et histoire (1912-1927) by Servanne Jollivet

Heidegger. Sens et histoire (1912-1927) by Servanne Jollivet

Auteur:Servanne Jollivet
La langue: fra
Format: epub
Tags: Sciences humaines et sociales
Éditeur: Presses Universitaires de France
Publié: 2009-08-18T16:00:00+00:00


Les grandes lignes d’une anthropologie philosophique

La visée de Heidegger est donc, dès ses premiers cours, de parvenir à reconduire la philosophie à la finitude radicale de son enracinement premier. C’est dans cette perspective qu’il faut comprendre le cheminement qui l’amène, de la refondation de la philosophie en « science originaire », à creuser les acquis gagnés à partir de sa phénoménologie de la vie religieuse. Le « rapport Natorp » (Natorpbericht), rapport que Heidegger rédige à l’automne 1922 à la demande de Natorp en vue de briguer un poste à l’Université de Marbourg (qu’il obtiendra d’ailleurs dès l’été 1923 à titre de professeur Extraordinarius), est à cet égard des plus précieux. Ce rapport constitue en effet la première esquisse de la grande œuvre projetée pendant ces années par Heidegger, œuvre qu’il souhaitait initialement consacrer à Aristote et qui deviendra finalement, selon les dires de l’éditeur allemand, « la véritable cellule germinale de Être et Temps » [33] . Heidegger n’y présente pas seulement le fruit de ses recherches, mais entend d’abord éclairer « la situation herméneutique » qui préside à cette réappropriation par la philosophie du sol pré-théorique et facticiel. Ce qui signifie : préparer le terrain pour le déploiement de la science originaire en découvrant, à même l’existence, ce qui conditionne l’émergence du sens. En d’autres termes, c’est désormais l’existence elle-même qui doit être soumise à la destruction. Ce n’est en effet qu’en désobstruant l’accès à la facticité que l’on parvient à expliciter celle-ci de manière adéquate. Cette libération de la sphère facticielle est donc en quelque sorte elle-même requise par la portée « critique » de la phénoménologie et subordonnée au projet premier d’une reconduction de la philosophie à son sol originaire qu’est l’expérience vécue. Elle doit lui permettre de déployer, tâche à la fois préliminaire et fondamentale, ce que Heidegger nomme en ces années une « anthropologie phénoménologique radicale » ou encore une « ontologie de la facticité » [34] .

La mobilité de la vie et la réappropriation d’Aristote. — C’est dans le cours qu’il consacre la même année à Aristote, Interprétations phénoménologiques d’Aristote. Introduction à la recherche phénoménologique (GA 61), qu’il tente de dégager les catégories fondamentales qu’il systématisera dans le cours du semestre d’été 1923, paru sous le titre Ontologie. Herméneutique de la facticité (GA 63), qui constitue la première esquisse de l’analyse de l’existence à laquelle il donnera forme définitive, trois ans plus tard, dans Être et Temps. Aristote, auquel il ne consacre pas moins d’une dizaine de cours entre 1919 et 1924, représente très tôt un interlocuteur incontournable. La nouvelle phénoménologie à laquelle s’attelle le jeune Heidegger dès le début des années 1920 trouve en lui une impulsion décisive qui l’amène, en prenant appui sur les catégories de l’ontologie aristotélicienne, à systématiser sa propre herméneutique. La question du mouvement (kinèsis) constitue en cette réappropriation une véritable pierre de touche. Dans sa Physique, Aristote aurait en effet jeté les bases d’une véritable anthropologie philosophique. Par son concept de kinèsis, hissé au rang de premier caractère ontologique de l’étant



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