Harry Dickson-02 by Ray Jean

Auteur:Ray,Jean [Ray,Jean]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
Éditeur: AlexandriZ
Publié: 1966-04-27T22:00:00+00:00

5. Nuit d’aventures

Quelques centaines de mètres avant de dépasser les premières maisons de la capitale grand-ducale, le détective gara la voiture dans un sentier de traverse, d’où elle ne pouvait être aperçue de personne ; puis Tom et lui marchèrent allègrement vers la cité, en ayant soin de prendre, dès leur arrivée, par les ruelles de la basse ville.

Elle s’endormait dans la paix du soir, bercée par le grand murmure d’eau courante de sa rivière, lavant éternellement les galets polis comme des crânes. Magnifique silence vespéral des petites villes, à peine troublé par le bond d’argent d’une truite, par le frisson d’aile d’une noctuelle…

Harry Dickson et Tom Wills auraient bien voulu s’attarder, oublier qu’au milieu de toute cette tranquille beauté, ils étaient sur la piste du crime, mais un coude de la route les mit presque en face de la maison de Schneider.

Si, dorée par le soleil de l’après-midi, elle avait paru accueillante, avec ses fusains, ses parterres et ses potagers, dans l’obscurité elle surgissait redoutable et hostile.

Toutes les fenêtres étaient éteintes ; celles du rez-de-chaussée étaient blindées de lourds volets de chêne. L’unique bruit, autour de la maison silencieuse, était celui du vent dans les arbres et dans le lierre-vierge de la façade.

Harry Dickson inspecta longuement les lieux, avant de prendre une décision. La tranquillité de cette demeure ne pouvait être qu’un masque, une feinte. Derrière la maison se trouvaient les communs et le garage.

Voyant sa porte entrebâillée, les détectives s’en approchèrent ; il y avait des flaques d’huile sur le sol cimenté, mais d’automobile point.

— L’auto conduite par l’étrange jardinier n’est pas revenue immédiatement au logis, commença Tom Wills.

Aussitôt la main du maître pesa sur sa bouche pour le faire taire.

Une automobile descendait la rue en pente et Tom la reconnut : celle qui les avait dépassés sur le chemin d’Echternach.

D’un bond, les détectives furent derrière les massifs de fusains ; ils y avaient à peine trouvé un abri que l’auto s’engouffra, à toute vitesse, dans l’allée principale du jardin et entra dans le garage.

De l’endroit où ils étaient, Dickson et Tom entendirent le jardinier chauffeur pousser un grognement de surprise et monologuer :

— Tiens, tiens, la petite bagnole n’est pas encore là. Elle peut pourtant faire de la vitesse quand elle le veut.

Le chauffeur sortit du garage, qu’il laissa entrouvert, et se dirigea vers la maison. Ce n’était plus le vieillard courbé de la journée, mais un homme costaud et d’allure bien plus jeune, bien que son visage fût couturé de rides et empreint d’une certaine sénilité, qui aurait pu tromper le monde, au premier abord. Il entra par la porte de service et les deux Anglais l’entendirent monter rapidement les marches d’un escalier.

Harry Dickson comprit qu’il fallait jouer gros jeu.

— Tom, dit-il, il faudra nous séparer pour l’heure. Le chauffeur va plus que probablement recevoir l’ordre de partir à la recherche de la Chevrolet, conduite par le Chinois. Jouez des jambes jusqu’à l’endroit où nous avons caché cette auto ; bloquez-la sur le côté de la route, comme une voiture en panne.

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