Harlequin historiques - Juillet 2020 by Collectif

Auteur:Collectif [Collectif]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: HarperCollins
Publié: 2020-07-01T06:48:39+00:00

Chapitre 4

Quatre jours plus tard, la principessa Chiara Balare di Fossano, accompagnée de sa femme de chambre et de son père, le prince Lorenzo, descendit du fiacre qui les avait conduits depuis la gare de Newmarket jusqu’au domaine de Hartswood.

Elidh n’avait jamais été aussi nerveuse de sa vie. Cette mascarade était la plus osée que son père ait jamais concoctée. Être nerveuse n’avait donc rien d’anormal.

Ils avaient énormément à perdre, bien plus que les autres fois.

Cette notion de « plus » la suivait d’ailleurs partout, à son corps défendant. Son père s’avérait plus audacieux que jamais. Non seulement il avait dépensé du précieux argent de leur loyer pour prendre la voiture qui les avait conduits jusqu’au domaine, mais il avait aussi acheté des places en première classe pour le trajet depuis Londres, tout en se présentant fièrement comme le prince Lorenzo dès qu’il en avait l’occasion. Il s’était dit que personne ne croirait à un prince voyageant en troisième classe.

Si quiconque remarquait leur arrivée, il voulait être préparé sur tous les fronts. Elidh espérait qu’ils ne regretteraient pas amèrement ces dépenses par la suite.

En examinant la façade en grès de Hartswood, elle constata qu’audace et luxe n’étaient pas l’apanage de son père.

Le domaine était plus opulent que tout ce qu’elle avait déjà pu visiter en Angleterre. Ce luxe sautait aux yeux depuis la première courbe de la longue allée bordée de pelouses parfaitement entretenues et d’arbres feuillus qui laissaient filtrer le soleil avec tant d’art que l’on se demandait s’ils avaient été plantés délibérément pour produire cet effet. Le cercle terminant l’allée devant l’entrée de la demeure prolongeait le même thème, accueillant les invités avec une fontaine italienne qui chantonnait en son centre tout en prodiguant sa fraîcheur. Deux escaliers, en grès comme la bâtisse, flanquaient l’entrée surélevée aux doubles portes, mêlant de la sorte baroque anglais et architecture au goût italien.

Le luxe ne s’arrêtait pas là.

Des laquais étaient apparus pour tenir les chevaux dès que le cocher avait fait halte. La main de l’un d’eux l’avait attendue pour l’aider à descendre, tandis qu’il inclinait respectueusement la tête.

Elle n’hésita pas un instant, ne trahit pas la moindre incertitude. Nerveuse ou non, peu importait, elle entra immédiatement « en scène », endossant son rôle de princesse. Personne ne douta.

Peut-être son père avait-il raison. Les gens voyaient ce qu’ils s’attendaient à voir, et aucun des domestiques n’avait vu autre chose.

Une servante les précéda dans l’escalier puis dans le vaste hall de marbre blanc où régnait une agréable fraîcheur, et leur fit traverser la demeure jusqu’à la terrasse nord à l’arrière de la maison, idéale pour la chaleur de l’après-midi.

Cette traversée était subtilement orchestrée pour bien montrer aux invités le niveau d’opulence qui les entourait. Peut-être était-ce aussi dans le but de rappeler à tous qu’en dépit de son absence de titre la famille Keynes n’était pas dans le besoin. Il semblait qu’elle n’était pas la seule à devoir prouver quelque chose. Elidh repoussa ces pensées pour plus tard.

Elle était reconnaissante à son père de sa présence à ses côtés.

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