Hadrien by Schmidt Joël

Hadrien by Schmidt Joël

Auteur:Schmidt, Joël [Schmidt, Joël]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Histoire, Essai, Biographie, Antiquité romaine
Éditeur: Perrin
Publié: 2012-12-31T23:00:00+00:00


XIII

La religion politique d’Hadrien

On a déjà donc compris, à travers ces pièces, que la religion romaine tient une place fort importante dans le gouvernement d’Hadrien. Celui-ci est d’abord un traditionaliste sur ce plan. Il se considère comme le délégué de Jupiter sur Terre, et la numismatique de son temps est particulièrement éclairante, tout comme les monuments religieux qu’il fera édifier ou qu’il restaurera. Ainsi que le dit Jean Beaujeu dans un long et brillant chapitre consacré à Hadrien dans La Religion romaine à l’apogée de l’Empire. Le siècle, la politique religieuse des Antonins (96-192), l’empereur peut bien être un hélléniste émérite, il se sent profondément le successeur d’Auguste, le premier empereur de Rome, et d’une certaine façon le continuateur de son modèle.

Nombre de ses actes personnels font référence à Auguste : il lui dédie des temples, comme à Tarragone, et instaure la fameuse paix romaine. Au cours des années qui suivront, on le voit imiter des gestes religieux symboliques dont Auguste a donné l’impulsion. Il reste fidèle à la religion des Anciens, restaure des collèges religieux tombés en désuétude et entend redonner à Rome le prestige religieux dont Auguste avait été le garant. Il veut en être comme inspiré, et faire régner sur la Terre un nouvel âge d’or. Il rend un culte à la déesse Rome, « incarnation divine de la capitale de l’Empire », ce qui est presque une nouveauté. Rome est la déesse qui dépasse toutes les autres divinités, le ciment religieux qui unit tous les provinciaux de l’Empire. C’est un geste indubitablement œcuménique.

Avec Jupiter, Rome coiffe en quelque sorte toutes les autres divinités de la Terre. Vénus, elle aussi est remise à la mode : César ne descendait-il pas de Iule, et lui-même par son grand-père Ascagne, de Vénus qui mit au monde un fils, Enée, fondateur mythique de Rome ?

Les impératrices participent aux cultes des divinités féminines, comme Sabine, épouse d’Hadrien, si souvent assimilée à Vénus et à ses attributs. Lorsqu’au retour de ses voyages Hadrien se fera bâtisseur de temples, ni Rome, ni Vénus, ni bien entendu Jupiter ne seront oubliés, comme nous le verrons plus loin. Bien plus, on leur attribuera des slogans et des dignités nouvelles qui tous auront pour objet l’éternelle protection de Rome.

« L’installation du culte de Rome dans la capitale et dans l’Empire, avec son contexte de l’âge d’or, est la plus grande entreprise religieuse du règne d’Hadrien, la plus importante sans doute depuis la mort du fondateur du régime impérial106. » Il lui aura certes manqué un Virgile comme Auguste a eu la chance d’en trouver un pour devenir son poète officiel et chanter l’épopée de la création de Rome, mais était-ce nécessaire, puisque Rome avait largement dépassé, par son culte, la ville elle-même et était adorée et glorifiée dans tout l’Empire pour elle seule ? Ainsi, à travers le culte de Rome, c’étaient l’Orient et l’Occident romains qui communiaient autour d’un dieu et se soudaient d’une manière irréversible : telle devait être la pensée d’Hadrien.

Ce culte se



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