Hôtel Iris by Yoko Ogawa

Hôtel Iris by Yoko Ogawa

Auteur:Yoko Ogawa [Ogawa, Yoko]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature japonaise
Éditeur: Babel/Demeute
Publié: 2002-03-31T16:00:00+00:00


À sa descente de l’avion, il chancelait.

— Tu ne te sens pas bien ? lui demandai-je.

— Ça va.

Il a remis ses cheveux en ordre et nous sommes repartis main dans la main à travers le parc.

Plus le soleil descendait, plus le nombre de visiteurs augmentait. Les enfants, des ballons ou des barbes à papa à la main, poussaient des cris stridents, tout excités. Des saltimbanques brisaient des chaînes entourant leur torse ou crachaient du feu. Un bébé voyant cela s’est mis à hurler de peur, tandis que des amoureux, indifférents aux regards, se serraient dans les bras l’un de l’autre ou s’embrassaient. Chaque rafale de vent soulevait du sol du pop-corn ou des moitiés de tickets. Un feu d’artifice fut lancé quelque part, un chien lâché par son maître courait partout, des flashs d’appareils photo clignotèrent.

La main du traducteur était douce. J’avais l’impression qu’elle allait engloutir la mienne. Avec moi, elles s’acquittaient de toutes sortes de tâches : caresser les cheveux, préparer le thé, dénuder, ligoter. À chaque fois, elles se transformaient en une créature différente.

Le bras qui m’enveloppait était-il celui qui avait tué sa femme ? Cela me tracassait de temps en temps. Je n’avais pas du tout peur. Je ne savais si elle avait été étranglée, poignardée ou empoisonnée, mais je pouvais imaginer la beauté de ses doigts sur le moment. Je pouvais me représenter l’expression de ses articulations comme le dessin de ses sombres vaisseaux sanguins sous la peau.

Nous avons mangé une glace à l’italienne, adossés à la rambarde d’un manège.

Il a observé un certain temps le cône en spirale partagé équitablement entre la vanille et le chocolat.

— Ça fond si on ne mange pas rapidement.

— Je trouve qu’elle a une forme intéressante.

— C’est juste une glace. Elle n’a rien de spécialement intéressant.

— Je n’en mange pas souvent, tu sais.

— Tu n’as qu’à croquer dedans d’un seul coup. Comme ça, regarde.

Je mangeai, bouche grande ouverte, sans me soucier de me salir le visage. Lui la tenait discrètement dans la main gauche pour ne pas briser le cornet et la portait jusqu’à sa bouche pour en lécher l’extrémité d’un air légèrement mal à l’aise. Lorsqu’une goutte de crème tomba sur son pantalon, il se précipita pour la frotter avec son mouchoir.

Manger une crème glacée aurait pourtant dû être bien plus facile que de me mettre nue pour me ligoter…, pensais-je tout en l’aidant à nettoyer la tache.

— On en mangeait toujours avec papa quand on venait ici. J’avais le droit à un seul tour de manège et à manger une seule chose. C’était convenu entre nous. Maman me le rappelait systématiquement au moment de partir. “Un seul, c’est compris ? Et n’essaie pas de ruser”, disait-elle.

— Pour quelle raison ?

— Uniquement pour ne pas dépenser, je suppose. Mais papa m’accordait toujours une faveur supplémentaire en cachette. Et ce qui me plaisait le plus, c’était tout le temps que je passais à réfléchir à ce que j’allais choisir, tout en marchant dans le parc. Une pomme d’amour ou le



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