Guillaume Apollinaire by Guillaume Apollinaire

Guillaume Apollinaire by Guillaume Apollinaire

Auteur:Guillaume Apollinaire
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: GrandsClassiques.com
Publié: 2015-09-25T00:00:00+00:00


Chapitre III : Don Juan à la cour de Naples

En exil. — Une duchesse violée. — L’arrivée du Roi. — Intervention de Don Jorge. — L’oncle et le neveu. — La fuite. — La duchesse au secret. — Les conseils d’un valet de chambre. — Stupéfaction et fuite du duc Octavio.

Dans les bras experts de la Pandora, Juan avait appris la volupté et tous ses raffinements. Ces leçons ne furent pas perdues. Il comprit de suite que l’amour se devait conquérir par tous les moyens, bons ou mauvais. Il était beau, il était jeune, il était fort. Les femmes seraient à lui.

Cependant, les circonstances de la mort de Don Niceto avaient été connues peu à peu ; d’autres duels, d’autres enlèvements rendirent bientôt la situation de Juan intenable à Séville, et sa famille décida de l’envoyer dans le royaume de Naples, où son oncle Jorge avait été depuis peu nommé chef de la mission militaire espagnole chargée d’inculquer aux paresseux Napolitains les secrets de l’art de la guerre.

Juan, dans cette cour facile, reprit le cours de ses amoureux exploits. L’aventure qui lui fit quitter le royaume mérite d’être contée.

* * *

La duchesse Isabelle, jeune veuve d’une ravissante beauté, devait épouser le duc Octavio, mais Juan en était éperdument amoureux. Dans ses pires tromperies, il y avait en ce temps une part de sincérité.

Il n’avait abouti à rien. Il avait de plus acquis la conviction que le duc faisait à Isabelle la cour la moins platonique, désirant sans doute s’assurer de quelques gages d’amour palpable, avant que l’heure officielle de l’hyménée n’eût sonné.

À la suite d’une fête donnée au palais royal, la duchesse s’était assoupie dans un petit boudoir retiré. Juan, qui la guettait, se glissa dans la salle mi-obscure. Il éteignit la dernière chandelle et s’assit près de la belle qui sommeillait d’un léger sommeil, agrémenté sans doute de rêves d’amour.

« C’est Octavio, ton amant, qui t’éveille, dit-il, contrefaisant la voix du duc et la prenant par la taille.

— Octavio ! cher Octavio ! » soupira la dormeuse.

Sans autre discours, Juan mit ses lèvres sur les siennes. Ses mains chiffonnaient la dentelle. Isabelle ne résista bientôt plus.

* * *

« Octavio, par ici, vous pourrez sortir plus sûrement, dit-elle, quand ils se furent relevés.

— Oui, mon adorée. Ah ! quand viendra le jour des épousailles ?

— Je veux aller chercher une lumière.

— Pourquoi ?

— Pour voir encore mon très cher amour.

— J’éteindrai la lumière.

— Oh ! ciel, qui es-tu ? Cette voix ! Qui es-tu ?

— Qui je suis ? Un homme sans nom.

— Au secours !… Vous n’êtes pas le duc ?

— Non.

— Au secours ! Au secours !

— Contenez-vous, duchesse, et donnez-moi la main.

— Ne me retiens pas, misérable ! Holà ! valets, au secours ! »

* * *

Le roi, qui aimait, en bon maître de maison, à faire un petit tour dans ses appartements avant que de faire ses dévotions nocturnes et se mettre au lit, accourut à ces cris de détresse. Peu mondain, du reste, il n’avait jamais remarqué la physionomie de Don Juan.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.