Gouvernance : Le management totalitaire by Alain Deneault

Gouvernance : Le management totalitaire by Alain Deneault

Auteur:Alain Deneault [Deneault, Alain]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Essai, Management, Papier, Colonisation, Philosophie Politique, Politique, Sociologie, Philosophie, 21ème Siècle
ISBN: 2895961557
Éditeur: Lux Éditeur
Publié: 2013-06-24T22:00:00+00:00


PRÉMISSE 31

DÉLIBÉRER À VIDE

POUR LES CONSCIENCES, le substantif «gouvernance» confine l’acte politique aux considérations éthérées de délibérations participatives à jamais produites sur le mode d’un participe présent. Ce qu’il réalise ainsi dans le continuum de sa démarche est un acte de légitimation d’acteurs qui s’arrogent un pouvoir de décision sur ce qu’il advient du bien commun et des affaires publiques. La légitimance en laquelle consiste la gouvernance succède, dans l’histoire des hégémonies, aux anciennes formes idéologiques qui visaient à faire valoir clairement un modèle de domination et ses modalités pratiques. De la bonne gouvernance, d’aucuns qui ont intérêt à y croire diront également qu’elle est fragile. Comme théorie et comme modèle. C’est là moins faire acte de modestie que conférer à la chose une vulnérabilité telle que tous les contresens lui en seront excusés[218]. Alors, loin de renforcer le lien ultime qui unit encore, mais fragilement, le citoyen à la décision politique, à savoir le rituel électoral, la théorie de la gouvernance, avec sa discrétion habituelle, le sectionne. Elle le fait en inversant, l’air de rien, les propositions de principe, comme on le lit dans la proposition suivante: «L’élection sert à désigner les gouvernants. Mais elle n’entraîne pas automatiquement l’approbation à l’avance des politiques qui seront mises en œuvre par le gouvernement élu[219].» Ainsi, on ne vote ni pour des principes, des programmes, des politiques, des projets ou des idées, mais, dans la culture de la gouvernance, pour des «leaders[220]», dont on ignore naturellement tout des intentions, même dans le contexte d’une campagne électorale. L’auteur de cette prémisse, Michel Venne, dirige lui-même une boutique de soins en bonne gouvernance. Les services dont elle est prestataire requièrent la neutralisation du procédé électoral pour susciter un mal — ne plus avoir de cercles sociaux de délibération — auquel elle prétendra remédier: «La légitimité que confèrent [au leader] les urnes est donc imparfaite. Elle doit constamment être renforcée par d’autres mécanismes de consultation, de justification et de validation entre les élections[221].» L’Institut du Nouveau Monde (INM), dont il s’agit, est justement financé par le gouvernement pour accomplir ce travail[222]. Il ne voit aucun inconvénient à ce que l’industrie minière le paie[223], par exemple lorsqu’il s’agit d’organiser une tournée afin de «fournir aux citoyens une tribune libre pour exprimer leurs questionnements, leurs préoccupations et plus particulièrement leurs pistes de solution concernant le développement minier[224]». Pourquoi s’en formaliser? «Un financement diversifié assure l’indépendance de l’Institut[225].» Dans ce contexte, délibérer devient un acte intransitif qui ne connaît pour tout positionnement politique que le vide.



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