Gamiani ou Deux nuits d'excès by Musset Alfred de

Gamiani ou Deux nuits d'excès by Musset Alfred de

Auteur:Musset, Alfred de [Musset, Alfred de]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Mots a la bouche
Éditeur: La Musardine
Publié: 2012-04-05T22:00:00+00:00


FANNY

Cela se peut-il autrement. Il faudrait être dépourvue de sang et de vie, pour rester insensible avec toi. — Que fis-tu ensuite ?

GAMIANI

Plus savante alors, je rendis avec usure, j’abîmai mon ardente compagne. Toute gêne fut désormais bannie entre nous et j’appris bientôt que les sœurs de la Rédemption s’adonnaient entre elles aux fureurs des sens, qu’elles avaient un lieu secret de réunion et d’orgie pour s’ébattre à leur aise. Ce sabbat infâme s’ouvrait à complies et se terminait à matines.

La Supérieure me déroula ensuite sa philosophie. J’en fus épouvantée au point de voir en elle un Satan incarné. Cependant, elle me rassura par quelques plaisanteries, et me divertit surtout en me racontant la perte de son pucelage. Tu ne devinerais jamais à qui fut donné ce précieux trésor. L’histoire est singulière et vaut la peine d’être contée.

La Supérieure que j’appellerai maintenant Sainte était fille d’un capitaine de vaisseau. Sa mère, femme d’esprit et de raison, l’avait élevée dans tous les principes de la sainte religion, ce qui n’empêcha point que le tempérament de la jeune Sainte ne se développât de très bonne heure. Dès l’âge de douze ans, elle ressentait des désirs insupportables, qu’elle cherchait à satisfaire par tout ce qu’une imagination ignorante peut inventer de plus bizarre. La malheureuse se travaillait chaque nuit. Ses doigts insuffisants gaspillaient en pure perte sa jeunesse et sa santé. Un jour, elle aperçut deux chiens qui s’accouplaient. Sa curiosité lubrique observa si bien le mécanisme et l’action de chaque sexe, qu’elle comprit mieux désormais ce qui lui manquait. Sa science acheva son supplice. Vivant dans une maison solitaire, entourée de vieilles servantes sans jamais voir un homme, pouvait-elle espérer de rencontrer cette flèche animée, si rouge, si rapide qui l’avait si fort émerveillée et qu’elle supposait devoir exister pareillement pour la femme. À force de se tourmenter l’esprit, ma nymphomane se remémora que le singe est de tous les animaux celui qui ressemble le plus à l’homme. Son père avait précisément un superbe orang-outang. Elle fut le voir, l’étudier et comme elle restait longtemps à l’examiner, l’animal, échauffé sans doute par la présence d’une jeune fille, se développa tout à coup de la façon la plus brillante. Sainte se mit à bondir de joie. Elle trouvait enfin ce qu’elle cherchait tous les jours, ce qu’elle rêvait chaque nuit. Son idéal lui apparaissait réel et bien palpable. Pour comble d’enchantement l’indicible joyau s’élançait plus ferme, plus ardent, plus menaçant qu’elle ne l’eût jamais ambitionné. Ses yeux le dévoraient. Le singe s’approcha, se pendit aux barreaux et s’agita si bien que la pauvre Sainte en perdit la tête. Poussée par sa folie, elle force un des barreaux de la cage et pratique un espace facile que la lubrique bête met de suite à profit. Huit pouces francs, bien prononcés, saillaient à ravir. Tant de richesse épouvanta d’abord notre pucelle. Toutefois le diable la pressant, elle ose voir de plus près ; sa main toucha, caressa. Le singe tressaillit à tout rompre. Sa grimace était horrible.



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