Galaxie 106 by Collectif

Galaxie 106 by Collectif

Auteur:Collectif
La langue: fra
Format: epub
Tags: SF
Éditeur: OPTA
Publié: 1973-01-29T05:00:00+00:00


2

Enfin, dernier des trois, il y avait le Dr Brabant. Howard Brabant était âgé de trente-huit ans ; il n’était pas très grand, pas très bien de sa personne. Il faisait partie de l’équipage, non des colons : il était psychologue de profession, et qu’est-ce que la colonie avait à faire de psychologie ? N’empêche qu’il avait pensé à permuter.

Maintenant… peut-être que personne ne permuterait. Peut-être qu’il n’y aurait pas de colonie. Parce qu’Explorer était venu avec un peu de retard.

Brabant, qui transpirait plus que son malade, dit sèchement : « Même si ça vous fait mal, Marne, je m’en moque… Souriez ! Si vous ne pouvez pas sourire, au moins taisez-vous. »

Le lieutenant le regarda d’un air morne. Brabant se raidit et tira vivement sur le bras fracturé du lieutenant Marne.

Celui-ci émit un grognement, soupira et perdit connaissance.

Brabant s’essuya le front. Bon, qu’il reste inconscient : c’était mieux comme ça. Au moins, de cette façon, il ne crierait pas – et ça pourrait être utile (ou non). Mais Brabant n’avait pas le temps d’aller jusqu’au bout de sa pensée parce qu’il avait une fracture complexe à réduire et qu’il ne s’y prenait pas avec beaucoup d’adresse.

Il tira de nouveau et vit disparaître l’extrémité blanchâtre déchiquetée de l’os. Bon. Voilà un point d’acquis. Aussi délicatement qu’il le put, il palpa et remua la chair du bras à l’endroit de la fracture. À son avis, les extrémités de l’os étaient ajustées. Pas moyen de faire une radio, mais cela donnait l’impression d’être bien en place. On avait rajusté des os bien des siècles avant Rœntgen. Cela devait faire l’affaire.

Il trouva une poudre antibiotique, en saupoudra la blessure et commença la tâche fastidieuse de poser éclisses et bandages. C’était vraiment dommage pour le bras de Marne, mais le lieutenant n’était pas le plus mal loti des passagers arrivés dans la première fusée. Crescenzi était mort ; quant à de Jouvenel et à lui-même, ils étaient temporairement vivants, ce qui était peut-être pire puisqu’ils n’avaient pas le réconfort de l’inconscience.

Car ils n’étaient pas seuls dans la minuscule et antique pièce.

Il y avait un auditoire qui observait chacun de leurs mouvements, qui prenait ce qui ressemblait à des notes, un auditoire composé d’un seul spectateur mais qui tenait une place énorme dans l’esprit de Brabant. Il le regarda furtivement par-dessous ses sourcils, puis détourna les yeux.

C’était une chose hideuse.

Ce n’était pas grand – pas plus d’un mètre vingt – mais c’était massif. La chair pendait par plis comme la peau d’un rhinocéros. Cela avait une tête et deux yeux, et la structure cornée à la base du « menton » était probablement un appareil respiratoire.

C’était, à l’échelle de la minuscule pièce où ils se trouvaient, beaucoup mieux que les êtres humains, mais le hasard seul en était responsable. Des créatures exotiques avaient bâti cette ville, mais pas ces exotiques-là. L’observateur qui notait silencieusement chaque mouvement de Brabant et de Jouvenel n’avait aucun point commun avec l’espèce qui avait construit leur prison.

Cette espèce était morte – disparue sans espoir de résurrection, laissant une planète de villes vides.



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