Fuokaty by Patricia Mattesi

Fuokaty by Patricia Mattesi

Auteur:Patricia Mattesi [Mattesi, Patricia]
La langue: fra
Format: epub
Tags: non-fiction, essai, art
Éditeur: Publishroom
Publié: 2015-10-07T00:00:00+00:00


Yann et Yako,

ou l’amour existe-t-il encore ?

— Je ne sais pas, je ne jouis plus. Notre liaison a brûlé trop de feux rouges. On ne peut pas reculer devant une avalanche. Pourquoi renoncer ? Pourquoi cette méfiance ? Il y a des formes d’amour qui tuent. Ta théorie sur la liberté du couple, je la connais. Je courrais après des images de vie sous les balles déferlantes des mitraillettes, dit Yako.

— Tu sembles provoquer les évènements, toujours à l’affût d’un conflit, lui répond Yann. Rien ne t’arrête, aucune frontière humaine. Tu es là où les os craquent, où le sang coule, où la mort vit, où le danger est une présence amicale et légère. Tu n’as plus de repères dans tes sentiments. Ta boussole se dirige vers des atrocités à découvrir, les cris des survivants sont de plus en plus aigus, et toi, tu ne les entends plus. Dans ton cerveau résonnent les cris des Généraux, tu te réveilles en sursaut en prenant ton appareil photo dans tes bras, titubant parmi les cadavres cherchant désespérément un hôpital, non pardon, un laboratoire, pour que l’enfant-photo te renvoie les ultimes détails, que ton œil aux aguets, n’avait pas eu le temps d’apprivoiser.

Yako, brisée par ces paroles chaudes et violentes, retrace l’itinéraire de leur souffrance affective : « ce dérèglement de tous les sens »5.

Ils étaient un couple libre, qui jouait toujours le prélude de leurs retrouvailles sur les escaliers de cet immeuble, ce palais délabré, Place Fuokaty, sur ces marches de pierres découpées en demi-lune. Amour, distance, construction dans la liberté.

Yann pense tout haut :

— Qui t’a permis de te faufiler dans le labyrinthe étroit de ma vie ? La fée qui me protège du désir de ta présence a faussé toutes les serrures. Certains soirs, depuis ton départ, j’ai essayé de ranimer nos souvenirs pour me rapprocher de toi. Je n’ai fait qu’accentuer la distance. Après je ne désirais que ton retour, retour d’une liberté multiforme, toi et moi, plus tout ce qui chavire, hors, et entre nous. Absente, tu étais aux rebords de mes pensées, et dans l’alcôve de tous mes gestes ; de tous mes coups de pinceaux. Faut-il que la distance nous creuse encore pour retrouver l’espace de la séduction ? L’amour est la signature d’un tableau.

— La liberté n’était qu’un exercice de survie pour ne pas sombrer dans la folie, répond Yako à ces propos. Je me sens maintenant comme une éponge et je ne veux plus ressentir les forces du monde extérieur, dans tes mots puissants, je sens le désir de ne plus te quitter.

Cet état de fusion mortelle, cette confusion des émotions, ce désir de chercher leurs vérités est l’expression de leur devenir ; envie de s’unir sans détruire.

— Je n’étais qu’une femme à moitié, reprend Yako. Une négation de femme, une infinité de paradoxes… j’aimerais ne plus partir nulle part. Je veux te retrouver dans un espace concret.

— L’amour est simple lorsqu’on ne cherche que l’amour, dit Yann en la prenant doucement dans ses bras.



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