François le bossu by Ségur Comtesse de

François le bossu by Ségur Comtesse de

Auteur:Ségur, Comtesse de [Ségur, Comtesse de]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature Française, Jeunesse, Classique
Éditeur: Bibliothèque de Skystan - Lien privé
Publié: 2011-10-05T11:44:07+00:00


XVI - CHANGEMENT DE MAURICE

Le lendemain, avant la visite de Christine, qu'elle faisait toujours un peu tard, vers trois heures, à cause des leçons que lui donnait Paolo, François retourna avec son père chez les Sibran ; il monta, comme la veille, chez Maurice et Adolphe, qui le virent entrer avec surprise. Maurice rougit et voulut parler, mais il ne dit rien.

FRANÇOIS

—Bonjour, Maurice ; bonjour, Adolphe ; j'espère que vous allez un peu mieux aujourd'hui... Vos yeux sont plus animés et vous êtes moins pâles... Je ne vous ferai pas une longue visite... comme hier... seulement pour vous raconter que M. de Guilbert va demain s'établir à Argentan, où il a trouvé une maison à louer, pendant qu'il fait rebâtir son château brûlé... Il paraît qu'il ne perdra rien, parce que la compagnie d'assurances lui paye tous ses meubles et son château... Adieu, pauvre Maurice ; adieu, Adolphe ; je prie toujours le bon Dieu qu'il vous guérisse bientôt.

François leur fit un salut amical et se dirigea vers la porte.

«François !» appela Maurice aune voix faible. François retourna bien vite près de son lit.

MAURICE

—François ! pardonnez-moi ; pardonnez à Adolphe. Vous êtes bon, bien bon ! Et nous, nous avons été si mauvais, moi surtout ! Oh ! François ! comme Dieu m'a puni ! Si vous saviez comme je souffre ! De partout ! Et toujours, toujours ! Ces appareils me gênent tant ! Pas une minute sans souffrance !

FRANÇOIS

—Pauvre Maurice ! Je suis bien triste de ce terrible accident. Je ne puis malheureusement pas vous soulager : mais si je croyais pouvoir vous distraire, vous être agréable, je viendrais vous voir tous les jours.

MAURICE

—Oh oui ! Bon, généreux François ! Venez tous les jours ; restez bien longtemps.

FRANÇOIS

—A demain donc, mon cher Maurice ; à demain, Adolphe.

Dès qu'il fut sorti, le regard douloureux de Maurice se reporta sur son frère.

—Pourquoi n'as-tu rien dit, Adolphe ? Comment n'as-tu pas été touché de la bonté de ce pauvre François, que nous avons reçu si grossièrement avant-hier et qui veut continuer ses visites, malgré notre méchanceté ?

ADOLPHE

—Je déteste ce vilain bossu ; les bossus sont toujours méchants ; c'est toi-même qui l'as dit.

MAURICE

—J'ai mal dit, car François est bon.

ADOLPHE

—Est-ce qu'on sait s'il est bon ou méchant ?

MAURICE

—Ce qu'il fait nous prouve qu'il est bon. S'il vient demain, je t'en prie, sois poli pour lui, et parle-lui.

Adolphe ne répondit pas ; Maurice était fatigué, il ne dit plus rien.

En revenant à la maison avec son père, François lui raconta avec bonheur ce que lui avait dit Maurice, M. de Nancé partagea le triomphe de François et lui fit voir combien la bonté et l'indulgence réussissaient mieux que la colère et la sévérité.

—Continue ta bonne oeuvre, cher ami, peut-être s'améliorera-t-il tout à fait. C'est un vrai bonheur quand on peut rendre bons les méchants.

Christine fut enchantée du résultat de cette seconde visite, et encouragea François à continuer et à tâcher de ramener aussi Adolphe à de meilleurs sentiments.

Pendant deux mois, François retourna tous les jours chez les Sibran.



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