[Fortune de france 04] le prince que voilà by Robert Merle

[Fortune de france 04] le prince que voilà by Robert Merle

Auteur:Robert Merle [Merle, Robert]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Histoire
ISBN: 9782253135517
Publié: 1982-01-27T23:00:00+00:00


Havre de grâce ! J’avais les pieds fort bondissants quand je quittai le Roi, le drageoir enfoui dans la plus profonde poche de mon pourpoint et quasiment oublieux, en mon infantine allégresse, de la malfortune du royaume. Ha ! Certes, mon pauvre oncle Sauveterre eût dit que j’étais bien malhabile en mes barguins, puisque j’avais troqué un drageoir de vermeil qui ne valait pas six cents écus, contre deux mille écus sonnants et trébuchants. Tant est qu’aussi, à sa manière huguenote, il m’eût peut-être laissé entendre qu’il se mêlait quelque terrestre idolâtrie en le prix immense que j’attachai à cet objet pour la seule raison qu’il avait appartenu au Roi. Mais, d’un autre côtel, quand le monarque gouverne, ès écueils la barque de l’État du mieux qu’il est en son pouvoir, un Français naturel, s’il aime sa nation, peut-il chérir son Prince à moitié, ou lui être à demi fidèle, surtout quand sa personne est aimable et vous touche autant par ses bienfaits qu’elle vous émeut par sa détresse ?

Au demeurant, ce drageoir me sauva la vie comme je dirai plus tard, et sans du tout s’interposer entre une arquebusade et moi, mais de tout autre et étrange façon, car loin de le porter sur moi et d’en faire parade, je ne le montrai qu’à la seule Angelina quand je retournai au logis et j’enfermai le royal présent pour ne l’en jamais retirer dedans le tiroir secret d’un petit cabinet de merisier que je gardais en ma chambre. Celle-ci communiquant à celle d’Angelina où, oyant qu’elle était revenue, me sachant dans la mienne, je l’allai retrouver et, tout soudain la prenant dans mes bras, la pressai délicieusement sur toute la longueur de mon corps et lui fis mille poutounes au col et à l’oreille, lui adressant, entre deux baisers, mille compliments sur sa beauté, sa bénignité, sa grâce et la grande indestructible amour que j’éprouvais pour elle, et comme je ne laissais pas, cependant, d’être remordi par la remembrance du rollet que j’avais joué de Boulogne en Paris, j’attentai de fuir un sentiment si incommode dans l’ivresse de la mignonnerie, et mon Angelina riant de l’étrangeté de l’heure, et consentant, non sans quelque retenue et réserve, qui sont de sa complexion, je poussai le verrou de l’huis et la menai à sa coite.

Le premier tumulte passé, nous tombâmes dans un tendre devis où chacun ouvrit son cœur à l’autre, moi soulevé sur mon coude, contemplant ses beaux yeux de biche, ma main posée sur son tétin, dont je ne me rassasiais mie, tant sa forme et texture me ravissaient toujours, je lui demandai pourquoi, alors qu’elle était tant libre et affectionnée avec Fogacer, elle montrait à Giacomi sinon de la froidure, du moins une sorte de distance.

— À la vérité, dit-elle non sans quelque vergogne, je les aime autant l’un que l’autre, pour des qualités différentes. Mais Fogacer qui fait tant le fendant et le supérieur avec les personnes de son sexe, m’envisage continuement avec des yeux d’enfant où ne



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