Formidiable by Formidiable

Auteur:Formidiable [Formidiable]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Formidiable
Publié: 2013-08-04T14:33:47+00:00

Les filles dans le coffre à joujoux

Hugoline avait un grand coffre à joujoux. Pour jouer à la poupée, elle l’avait vidé et s’y était installée avec Jeanne et Axelle. Les fillettes s’y étaient assises comme dans leur maison et rêvaient.

« Ce serait bien », disait Axelle, « si le coffre devenait un bateau. Nous serions sur la rivière et le coffre flotterait ! »

A peine avait-elle prononcé ces paroles que l’eau envahit la chambre d’Hugoline et que le coffre monta, monta, se mit à flotter. Il dansait un peu sur les flots.

« Oh ! » dit Hugoline. « Le coffre est devenu bateau pour de bon ! »

« Chic alors ! » dit Jeanne en battant des mains.

Le coffre tournait lentement sur place en se balançant dans cinquante centimètres d’eau claire. Il était parfaitement étanche. Les trois filles s’enlacèrent avec un frisson ; elles riaient mais en même temps avaient un peu peur. L’eau montait toujours. Jeanne parlait à la poupée :

« Tu vois, poupée, c’est comme à Venise. »

Il y avait presque un mètre d’eau dans la chambre, et autour du coffre, les meubles flottaient à leur tour : le lit, l’armoire qui se dandinait comme un gros canard, le petit bureau et la chaise, et tous les joujoux éparpillés.

« Je me demande ce que va dire ma mère quand elle rentrera ! » murmura Hugoline.

Jeanne, agenouillée dans le coffre, cherchait à atteindre l’avant. Le coffre tangua, bascula, dansa, rétablit son équilibre.

« Qu’est-ce que tu fais ? » demanda Axelle.

« J’essaie d’ouvrir la porte de la chambre ! » répondit Jeanne.

« Pour quoi faire ? »

« Pour naviguer plus loin ! »

« Oh non ! » protesta Hugoline. « Il y aura de l’eau plein le salon ! »

Elle tâcha de retenir Jeanne. Mais comme Jeanne essayait de passer, le coffre fut secoué comme une balançoire.

« Arrêtez de bouger ! » grogna Axelle.

Le coffre se balançait sur l’eau. Hugoline s’écarta, et Jeanne allongea le bras et ouvrit la porte de la chambre. Le courant d’eau bascula dans la salle de séjour, et le coffre entraîné comme un petit bout de bois fut emporté. Les gamines poussèrent un cri comme sur les manèges : « Houuuuuu ! » Le coffre traversa la salle de séjour inondée. Les chaises, les fauteuils, la table et le buffet flottaient autour. Le petit bateau des navigatrices glissa irrésistiblement vers la sortie de l’appartement. Les fillettes se blottissaient l’une contre l’autre.

« Heureusement que la porte est fermée ! » dit Axelle.

Mais juste à l’instant où le coffre l’atteignait, elle s’ouvrit, poussée par la mère d’Hugoline qui revenait de faire ses emplettes. Elle avait acheté des gâteaux pour le goûter des gamines et cria en ouvrant :

« Hou-Hou, les filles ! J’ai apporté des éclairs au chocolat ! »

Elle fut bien surprise de voir le coffre à joujoux passer devant elle sur un courant d’eau, et s’incliner vers l’escalier.

« Mais ? » fit-elle. « C’est… Hugoline ! Axelle ! Jeanne ! Où allez-vous ! »

« Houuuuuu ! » criaient les filles en frissonnant d’excitation.

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