FNA 0100 - Cité Noé N°2 by Guieu Jimmy

FNA 0100 - Cité Noé N°2 by Guieu Jimmy

Auteur:Guieu, Jimmy [Guieu, Jimmy]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Fleuve Noir
Publié: 2011-07-02T07:01:49+00:00


CHAPITRE VI

L'allure du convoi fut ralentie par les accidents de terrain à l'approche des collines ceinturant Dajarra. Celles-ci se couvraient de hauts buissons violets à reflets mordorés et de boqueteaux d'arbres aux troncs lisses et élevés. A leur extrémité retombaient en panache des branches chargées de très gros fruits bleuâtres tranchant singulièrement sur le rouge incarnat du feuillage fait de vrilles et de « lanières » innombrables.

En apercevant cette flore et ces fruits charnus, les pétauroïdes abandonnèrent les camions en marche pour se ruer par bonds vers les grands arbres. Ils les escaladèrent avec une agilité surprenante et, se dandinant sur les branches maîtresses, firent main basse au hasard sur les gros fruits bleutés.

Après avoir grappillé de-ci, de-là parmi les vrilles et les lanières pourpres, certains couraient sur les plus grosses branches et, avant d'avoir atteint leur extrémité, ils s'élançaient dans le vide en déployant largement leurs membranes latérales. Planant avec une aisance étonnante sur une distance dépassant fréquemment cent mètres, ils allaient se poser sur un autre arbre où la fructueuse cueillette recommençait.

Procédant par bonds gigantesques, ils suivaient en même temps d'arbre en arbre la progression des camions.

Ceux-ci, au détour d'une colline de faible hauteur, découvrirent une cuvette, jadis probablement occupée par un lac. Le spectacle offert aux yeux des émigrants leur arracha un soupir de soulagement : à quelques kilomètres à l'est, dans une vallée boisée où serpentait une petite rivière, apparaissait Dajarra, noyée sous une végétation sauvage, inextricable par endroits, et qui ne laissait émerger que la partie haute de certains bâtiments.

Au premier plan, à l'ouest de la ville partiellement en ruine, l'on apercevait une aire plane bordée au nord par trois gros hangars dont un à demi effondré. De place en place se dressaient des buissons épineux mauves et rougeâtres, hauts de cinq mètres parfois, qui, avec une herbe rêche et coupante, se disputaient les failles et les lézardes de cet ancien aérodrome.

Par groupes ou individuellement, les pétauroïdes vinrent peu à peu rejoindre les camions arrêtés à l'entrée de la vallée. Ils paraissaient assez agités et poussaient fréquemment de petits cris rauques, nettement différents de leurs cris aigus marquant la joie ou l'intérêt.

— Allez ! Allez !

En route ! les houspilla le chef d'expédition en prenant la patte du marsupial le plus proche de lui pour l'inciter à remonter sur le marchepied.

A son grand étonnement l'animal, craintif et réticent, ne le suivit qu'avec peu d'entrain.

— Alors, pétau !

plaisanta Ted. Tu ne veux pas venir avec nous ? La vie citadine ne t'attire pas ?

Les pseudo-chauves-souris retrouvèrent leurs places à contrecœur presque et lorsque les camions s'ébranlèrent, elles promenèrent autour d'elles des regards circonspects et inquiets. Cette inquiétude ne fit que croître au fur et à mesure que le convoi s'approchait de la ville morte.

— C'est plus qu'un hélicodrome, constata Price en entrant sur le terrain situé à l'ouest de Dajarra. Cela peut convenir aux avions à décollage vertical et même aux jets à décollage par fusées. Les failles et fissures dans les pistes de roulement en ciment pourront être comblées et aplanies sans trop de difficultés.



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