Fire Made Flesh by Cécile Duquenne

Auteur:Cécile Duquenne [Duquenne, Cécile]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Science-Fiction
Éditeur: Bragelonne
Publié: 2014-06-17T22:00:00+00:00

Il n’y avait nulle part où s’accrocher solidement, sur le dos d’un dragon. En plus d’être aussi brillantes que des rubis, les écailles s’avéraient également glissantes. Une douce chaleur se propageait dans la main de Lara chaque fois qu’elle entrait en contact direct avec la carapace d’Akaryû. La jeune femme s’arrima à une corne noire de suie aussi grande qu’elle, les jambes passées à droite et à gauche du dragon, bien loin d’en faire le tour complet ; le très large dos de la bête l’obligeait au grand écart, position qu’elle n’avait pas tenue depuis un certain temps et qui lui laisserait une belle douleur dans les ligaments entre ses hanches et ses jambes.

Renaud grimpa à sa suite, encore moins rassuré. Elle se souvint alors de son vertige – une étonnante faiblesse de sa part – et l’invita d’un regard à venir s’accrocher à elle. Le Foulard Rouge s’installa sans rien dire. Il tremblait de tous ses membres.

— Ça va aller, ce n’est que du vide.

— En fait, ce n’est pas tant le vide qui m’effraie, c’est la gravité terrestre… Il y a plein de vide, dans l’espace, vous savez, et il ne m’effraie pas : on ne tombe pas dans l’espace. On dérive. Il s’agit d’une mort plus rapide, moins inquiétante qu’une chute. En un sens, elle est même souhaitable : on ne souffre pas, on n’a pas le temps d’avoir peur et… aaaah !

Akaryû décolla dans un puissant battement d’ailes qui les propulsa à dix bons mètres de hauteur. Sursaut après sursaut, ils prirent de l’altitude, jusqu’à se trouver suffisamment haut pour jouir d’une magnifique vue de Bagne, complètement inédite, dont ils ne purent guère profiter comme le dragon dénichait déjà un courant d’air d’une puissance satisfaisante et dont le contact violent les surprit. Le vent les força à plisser les yeux. Derrière Lara, Renaud la serrait si fort qu’elle avait du mal à respirer. Bien que ce fût dangereux, elle décrocha l’un de ses bras de la corne pour venir poser sa main sur celle du Foulard Rouge. Il murmura du bout des lèvres :

— Merci.

Leur échange s’arrêta là. À cause du vent, Lara ne pouvait pas vraiment profiter du paysage et elle regretta ses lunettes de conduite. Elle se força à boire le monde du regard, ouvrant les yeux autant que possible.

La plaine défilait à une allure folle. Vue d’en haut, le lavis d’ocre, de rouge et de noir semblait avoir été peint par un artiste fou ou aveugle. Des zigzags de sable ferrugineux montaient à l’assaut de dunes aussi noires que l’espace interstellaire. Des pierres grises ou blanches piquaient le paysage d’éclats lumineux. Par endroits, des champs de stalagmites transperçaient le sol d’argile, telles des mains tendues vers le ciel. Quelques doigts de pierre éclissés retombaient çà et là. À mesure que le vol se poursuivait, la plaine fit place à une steppe rocailleuse, où des éruptions de pierre verruqueuse oscillaient entre gris et beige. Ils passèrent au-dessus du Hubb abandonné. Les yeux de Lara

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