Fidel Castro - Jean-Pierre Clerc by Biographies

Fidel Castro - Jean-Pierre Clerc by Biographies

Auteur:Biographies [Biographies]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782809810080
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


8

LA SOVIÉTISATION

(1970-1975)

Je ne suis ni pragmatique ni dogmatique, je suis dialectique. Rien n’est permanent, tout change.

Fidel Castro, 9 novembre 1964

La « fête cubaine », la « révolution romantique » avaient commencé par une redistribution de la richesse existante. Sur cette base, une quasi-égalité a été établie : les salaires moyens vont de un à trois et demi. La Sécurité sociale universelle a été instituée. L’éducation est obligatoire, et bien entendu gratuite, pour tous jusqu’à quinze ans. Les retraités ont vu leurs ressources tripler. Les campagnes ont comblé une notable partie de leur retard, par le biais notamment d’une amélioration des infrastructures, des services, du logement. La richesse insolente du petit nombre n’insulte plus les pauvres. Le chômage a disparu en 1970. Les étrangers ne font plus la loi dans les secteurs essentiels. Les dirigeants ne profitent qu’avec discrétion des avantages que le régime leur consent. La morte saison de cinq cent mille journaliers agricoles, jadis « carburant » de la Révolution, a disparu. Haïe ou adorée, Cuba n’est plus ce pays naguère considéré comme nul et non avenu. Tels sont les apports, considérables, du castrisme.

On pourrait nuancer le tableau. Observer avec Édouard Bailby, du Monde diplomatique, que la médecine gratuite a ses limites : plutôt que de faire la queue à partir de 3 heures du matin pour une prise de sang, certains citoyens préfèrent payer dix pesos, soit dix dollars, à un de ces vieux médecins privés dits « historiques ». Remarquer avec Claude Julien, du Monde, que, certes « les rations sont plus consistantes qu’en France sous la Seconde Guerre mondiale », mais aussi avec Charles Vanhecke, du Monde également, que, si « nul n’est sous-alimenté, tout le monde est obsédé par la nourriture ». Admettre, avec tous, que l’instruction ne va pas sans endoctrinement, que l’égalité a été rétablie entre villes et campagne essentiellement par un recul des citadins. Craindre, avec Charles Bettelheim, ex-président de l’association France-Cuba, la naissance d’une « alfacratie » – la « nouvelle classe » des heureux propriétaires d’une Alfa Romeo. Constater, c’est le moins, que le trop-plein de main-d’œuvre a été régulé par le départ, en onze ans, vers les États-Unis, de six cent mille réfractaires. Observer enfin, cela s’impose, que l’affirmation de Cuba sur la scène internationale n’est pas allée sans une militarisation effrénée.

Ce sont là, d’ailleurs, broutilles au regard d’un péché plus fondamental aux yeux de certains : la sérieuses limitation des libertés de tous et la privation, depuis une décennie, de la liberté tout court pour quiconque ne consonne pas avec Castro. Charles Rivière, retour d’une mission pour le ministère de la Santé, qui lui a permis de constater des éléments très positifs, a évalué, fin 1967, à quatre-vingt mille le nombre des détenus et autres citoyens à « liberté restreinte » –, plus de 1 % de la population ! Mais ce chiffre, sans doute inclut-il les Cubains alors enfermés dans les Umap, dissoutes en 1969.

Et voici qu’il faut admettre à présent que l’économie est pantelante. Le groupe dirigeant s’active pour faire repartir la machine après le 26 juillet 1970.



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