Fiction 400 by Collectif

Fiction 400 by Collectif

Auteur:Collectif [collectif]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fantastique, Nouvelles, SF
Éditeur: Opta
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


Ce soir-là, comme tombait la nuit et qu'apparaissaient les étoiles dans l'arc de ciel au-dessus des falaises, nous avons fait un feu dans la cheminée en brique et fait cuire des hot-dogs pour le dîner. Les flammes projetaient une chaude et vacillante lueur jaune sur la paroi qui nous surplombait. Cette courbe lisse et profonde renvoyait l'écho de nos voix, et le craquement du bois, et le doux gargouillis de l'eau sortant de la mare à la source. Elle amplifiait le ououuuu du vent s'engouffrant dans le canyon.

Nous dévorâmes les hot-dogs, trois ou quatre chacun. Ensuite je fis une petite balade autour du camp. Les grands arbres centenaires avaient une écorce gris-vert fripée, des branches tortueuses, des feuilles aussi lisses et épineuses que celles du bois béni. Les sommiers nus donnaient à l'endroit l'apparence de ruines : une cathédrale géante au toit effondré dans laquelle des arbres pousseraient sur le plancher, dont l'autel serait une cheminée, avec des lits qu'on aurait traînés à l'intérieur… Le vent mugissait, les feuilles au bout acéré menaient leur vacarme, et me sentant piégé, je revins près des autres.

Après avoir déplié nos sacs de couchage, une fois étendu dans le mien, je me sentais toujours… bizarre. J'avais décidé de dormir sur l'une des tables à pique-nique, et je me trouvais sous l'un des arbres. Entre les feuilles noires apparaissaient et disparaissaient les étoiles, elles fourmillaient à ma vue, créant une sensation de mouvement constant qui ne provenait pas forcément des feuilles. Il y avait plein de petits bruits, qui résonnaient depuis le surplomb. Je n'avais rarement, sinon jamais, dormi à la belle étoile auparavant, et je me sentais… exposé, en quelque sorte. Quelqu'un pouvait se glisser jusqu'à nous. On pouvait arriver à pas de loup, nous tuer tous ici, et personne n'en saurait jamais rien. Bon, c'était idiot. Mais enfoncé si profondément dans ce profond canyon, avec la voûte du ciel si haute au-dessus de ce sombre cercle en fer-à-cheval et de ces arbres, avec ce vent sifflant sur le rocher, le monde semblait une immense étendue : immense, sombre, venteuse… Je restai étendu longtemps avant de m'endormir.

Je m'éveillai au milieu de la nuit, j'avais besoin de faire pipi. Quelque chose en moi renâclait à l'idée de me lever : la peur de l'obscurité sans bornes m'étreignait. Pourtant, il fallait que j'y aille, et je me glissai hors de mon sac de couchage, descendis du banc à pique-nique, pour marcher jusqu'au pont, hors du camp.

Une fois sorti du dessous d'arbres, une grande carte d'étoiles me donna asile. Dans toute leur brillance, je ne reconnus pas une constellation. La lune avait l'air de se lever, ou alors la lumière stellaire était plus intense que celle à laquelle j'étais habitué : les parois du canyon captaient assez d'éclat pour révéler certaines de leurs hiéroglyphes d'érosion. Il faisait frais, mais pas froid, et je descendis le sentier pour jeter un rapide coup d'œil sur le pont dans cette étrange lumière.

Un homme se tenait juste sous le pont, les bras levés vers le ciel.



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