Fenetre sur Cour by Irish William

Fenetre sur Cour by Irish William

Auteur:Irish, William [Irish, William]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Polar
Éditeur: Minerve
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


TROIS HEURES DE L’APRES-MIDI

Elle venait de signer son arrêt de mort. Irrévocablement. Il ne cessait de se répéter qu’il n’y était pour rien, qu’il n’y pouvait plus rien. C’était elle qui l’avait voulu. L’homme, il ne l’avait jamais vu. Il ne savait rien de lui, sinon qu’il existait. Il s’en doutait depuis longtemps, mais il en était sûr depuis six semaines. De petits détails le lui avaient appris. En rentrant chez lui un soir, il avait trouvé dans le cendrier un mégot de cigare éteint mais encore humide à un bout et brûlant à l’autre. Depuis plusieurs jours, il y avait des taches d’essence sur l’asphalte devant la maison. Or, ils ne possédaient pas de voiture. Et ce ne pouvait être les fournisseurs car les taches indiquaient un stationnement prolongé. Une heure certainement, ou davantage. Il avait même aperçu la voiture, tournant le coin, tandis qu’il descendait de l’autobus, à deux cents mètres de là. Une vieille Ford. Quant à elle… Il la retrouvait le soir en rentrant, presque toujours agitée et ne paraissant plus très bien savoir ce qu’elle disait ou faisait.

Dès le début, il avait fait semblant de ne rien voir. Et il continuait. Il était comme ça. Il appartenait à cette catégorie d’individus qui n’exposent ni leurs rancunes ni leurs haines au grand jour, là où elles auraient une chance de s’épuiser d’elles-mêmes. Il les nourrissait en secret, au contraire. Et ces gens-là sont les plus dangereux.

S’il avait été honnête avec lui-même, il aurait reconnu que ce mystérieux visiteur de l’après-midi n’était que le prétexte qu’il se donnait aujourd’hui ; il aurait reconnu qu’il avait rêvé sournoisement de se débarrasser d’elle bien avant qu’il y ait eu une raison et qu’une voix en lui, depuis des années, lui commandait impérieusement : « Tue, tue, tue ! » Cela devait même remonter à l’époque où il avait été soigné à l’hôpital pour une commotion cérébrale.

Il n’avait aucune des raisons habituelles. Elle n’avait pas de fortune personnelle, pas d’assurance sur la vie. Sa mort ne lui apporterait aucun avantage. Et il n’avait pas d’autre femme dans son existence. Elle ne se disputait guère avec lui, elle était une épouse douce, docile et conciliante. Il savait, il se répétait tout cela. Néanmoins, cette voix en lui continuait à lui murmurer : « Tue, tue, tue ! » Il l’avait longtemps combattue, cette voix, plus par crainte du risque, d’ailleurs, et par une espèce d’instinct de conservation que par scrupule. Mais la découverte qu’un inconnu venait la voir l’après-midi en son absence avait suffi à libérer la pensée meurtrière dans toute sa férocité. L’idée même qu’il allait maintenant devoir en tuer deux lui procurait une joie supplémentaire.

C’est ainsi que, depuis six semaines, en revenant chaque soir de sa boutique, il avait ramené avec lui de minuscules petites choses. De petites choses tellement inoffensives en soi que personne, en les voyants, n’aurait pu deviner… De fines petites bobines de ce fil de cuivre qu’il employait parfois pour réparer les montres. Et, chaque



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