fantomette brise la glace by Georges Chauvet

Auteur:Georges Chauvet
La langue: fra
Format: epub
Tags: jeunesse
ISBN: 2012002846
Éditeur: Hachette jeunesse
Publié: 2000-09-10T16:00:00+00:00

Chapitre 7

Plouf ! plouf !

Le temps commence à paraître bien long pour les passagers de l’avion. La cantatrice Maria Cariatre fait le va‑et‑vient entre les rangées de fauteuils en répétant :

« C’est un scandale ! C’est un scandale vraiment scandaleux ! Quand je pense que nous sommes cloués dans ce désert blanc, alors que mes admirateurs se meurent d’impatience en m’attendant ! C’est un crime contre le bel canto ! Un sacrilège contre La Traviata, que je devais chanter à Tokyo ! Quelqu’un ne peut-il faire quelque chose ? On ne pourrait pas téléphoner aux pompiers ? A l’ambassade de Turquie ? Que sais-je, moi ? Ou à Fantômette ? Il paraît qu’elle débrouille les situations les plus compliquées. Commandant, passez-lui donc un coup de fil ! »

Ficelle a entendu les exclamations de la cantatrice. Elle approuve :

« Ça, c’est bien vrai ! Si on pouvait prévenir Fantômette, elle viendrait sûrement nous tirer de là ! »

Boulotte objecte :

« Même si on l’appelait, comment ferait-elle pour venir jusqu’ici ?

— Et nous, comment avons-nous fait, grosse nigaude ? Elle prendrait l’avion, voilà tout. Elle se débrouillerait. C’est son métier, tu sais. »

Le commandant Volovent s’efforce de calmer l’impétueuse Maria Cariatre. Il trouve d’ailleurs un argument qui la ramène à la raison : « Chère madame, dites-vous bien que plus vos admirateurs vous attendront, et plus votre succès sera grand !

— Vraiment ? Vous croyez, commandant ?

— J’en suis certain !

— Ne vont-ils pas m’oublier, pendant mon absence ?

— Comment pourrait-on oublier l’inoubliable Maria Cariatre ? »

Flattée, la cantatrice cesse de se plaindre, et s’assied dans un fauteuil pour vérifier dans un miroir de poche que son nez est bien poudré. Les autres voyageurs sont assis également, mais ils échangent à mi-voix des propos qui laissent percer leur inquiétude.

L’avion est immobilisé, la radio ne fonctionne plus. Les vivres disponibles sont en faible quantité. Quel secours peut-on attendre ? Les avions de recherche ? Mais par-viendront-ils à localiser l’épave ? Un point minuscule dans l’immensité de l’Arctique !

Les Japonais bavardent tranquillement, en souriant. Ils sont les seuls qui paraissent ignorer le tragique de la situation. Cette attitude calme ne manque pas de surprendre Ficelle. Elle se penche pour confier à Boulotte :

« Tu as vu le président ? Il est en train de raconter des histoires à ses copines, comme si de rien n’était ! Il ne se rend même pas compte que nous sommes en péril de mort ! Moi, si j’étais à leur place, je pousserais des hurlements épouvantesques ! »

Depuis un moment, Œil de Lynx est plongé dans l’étude du petit atlas que Françoise avait consulté avant l’atterrissage, et qu’elle lui a prêté. Crayon en main, il trace des lignes, fait des calculs, en marmottant entre ses dents. Il se lève soudain, se dirige vers le poste de pilotage.

« Commandant Volovent ! Je voudrais vous dire quelque chose…

— Je vous écoute…

— Voilà, je viens de regarder le trajet que nous avons suivi, et je pense que notre position est à cet endroit, là où j’ai fait une croix.

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