Fantômette chez le Roi by Georges Chaulet

Fantômette chez le Roi by Georges Chaulet

Auteur:Georges Chaulet [Chaulet, Georges]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Roman jeunesse
Publié: 2011-12-22T05:57:50+00:00


CHAPITRE 8

L’AMPOULE

Surpris, Pierre Detaille donne un brusque coup de frein tout en regardant dans le rétroviseur. Il aperçoit un visage masqué surmonté d’un bonnet noir à pompon.

Il gare la voiture sur le bas-côté de la route, se retourne, et demande : « Qui êtes-vous ?

— Fantômette, pour vous servir. » L’industriel ajuste ses lunettes pour mieux observer l’intruse. Il murmure :

« Fantômette ?… Ce nom me dit quelque chose… Une justicière qui s’attaque aux bandits, n’est-ce pas ?

— Oui. Désolée de vous déranger, mais j’ai une ou deux questions à vous poser.

— Eh bien, je vous écoute !

— Qu’avez-vous l’intention de faire avec le Tempotron ? »

Pierre Detaille sursaute.

« Comment ? Vous savez ?

— Oui, je sais.

— Comme les nouvelles vont vite ! La machine vient à peine d’être essayée, et déjà tout le monde est au courant ! Pourtant, M. Refluet m’avait affirmé que cette affaire resterait secrète…

— Comment dites-vous ?

— M. Refluet. L’antiquaire. »

Fantômette remarque que Refluet est l’anagramme de Le Furet, c’est-à-dire le même mot dont on a interverti les lettres. Mais elle ne le dit pas et se contente de demander :

« Expliquez-moi pourquoi vous désirez voyager dans le temps. Quel est ce grand projet qui semble vous préoccuper ? Vous voulez réaliser un rêve où il est question de marquis…»

À nouveau, Pierre Detaille fait un mouvement de surprise.

« Ah ! vous savez cela aussi ? Comment diable l’avez-vous appris ? C’est à croire que vous connaissez la moindre de mes pensées !

— Peu importe. Disons que c’est mon métier. Je m’intéresse à tout ce qui est bizarre. Ce qui est le cas de cette affaire. » L’industriel semble en prendre son parti. « Soit ! Après tout, je peux bien vous dire de quoi il s’agit…»

Il se recueille un instant, caresse son menton, puis explique :

« Je dois tout d’abord vous confesser que j’ai des idées… de grandeur. Des idées qui me sont venues petit à petit. J’ai réussi à faire fortune en partant de rien, grâce à mon courage et à mon habileté. En signe de réussite, j’ai acheté le château de Parcy-Parla, et j’ai pris à mon service un majordome, des domestiques, un chauffeur, des jardiniers… Je puis donc vivre en châtelain, comme un baron ou un marquis du temps jadis. Seulement, voilà… je ne suis ni baron, ni marquis. Mes ancêtres étaient de simples paysans des Flandres. Et cela me chagrine. Je me sens étranger, mal à l’aise au milieu de mes fauteuils Louis XV. Vous me comprenez ?

— Je crois, oui. En somme, vous souhaiteriez avoir un titre de noblesse ? Quelque chose comme marquis de Parcy-Parla ?

— Marquis, précisément. Et lorsque M. Refluet m’a parlé de cette machine du temps, j’ai formé un espoir fou… La possibilité de rencontrer Louis XIV en personne, et de lui demander des lettres de noblesse. »

Du coup, c’est Fantômette qui ne peut retenir une exclamation de surprise.

« Comment ? Vous voudriez que Louis XIV vous fasse marquis ?

— Pourquoi pas ? Il avait bien le pouvoir d’attribuer des terres, des châteaux ou des charges à la noblesse.



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