Fake News by Cotta Michèle & Namias Robert

Fake News by Cotta Michèle & Namias Robert

Auteur:Cotta, Michèle & Namias, Robert
La langue: fra
Format: epub
Tags: thriller politique
Éditeur: Robert Laffont
Publié: 2019-01-10T00:00:00+00:00


Étienne Bougival avait l'air épuisé. Les traits tirés, la lassitude se lisait sur son visage. La nuit dernière encore, alors qu'il venait tout juste de regagner son appartement privé – à peine cent mètres carrés, pas vraiment confortables –, il avait dû redescendre précipitamment dans son bureau, appelé par son directeur de cabinet. Un incendie, vraisemblablement criminel, avait détruit entièrement une usine de papier dans le Doubs. Un pompier tué, cinq autres blessés et deux cents personnes au chômage. En temps normal, le ministre aurait décidé de se rendre sur place mais cette fois – l'âge sans doute, et cette fatigue tenace –, il s'était contenté d'envoyer le patron de la sécurité civile et il était remonté dans ses appartements en espérant trouver quelques heures de sommeil. Peine perdue. Après une nuit blanche, c'est un vieillard qu'il avait découvert le matin dans la glace de sa salle de bain. Lui qui avait rêvé si longtemps du job se disait qu'il avait sans doute présumé de ses forces et qu'il avait de plus en plus de difficultés à n'en rien laisser paraître. Au point que Blanche se demanda en entrant dans le bureau s'il était en état d'entendre ce qu'elle avait à lui dire. Mais après tout, il était là pour ça, elle prit juste soin de rapporter le minimum et s'en tint donc aux menaces de mort sans entrer dans les détails, affectant de n'y attacher que l'importance qu'y accordaient ses autres confrères menacés. Pas la moindre allusion à sa vie personnelle. Ce fut assez en tout cas pour que le ministre de l'Intérieur estime urgent de déranger le président.

Berlau, qui avait prévu de déjeuner avec quelques journalistes, lui donna rendez-vous à 15 h 30, le temps pour lui de monter embrasser Claude et les filles. Pause d'un quart d'heure qui suffit à Claude pour comprendre que son mari, qui pourtant aimait bien le « vieux », comme l'appelaient méchamment ses collègues, n'était pas d'humeur à écouter le moindre propos visant à justifier son impuissance. Bougival décida de faire à pied les quelques dizaines de mètres qui séparent Beauvau de l'Élysée. De manière calculée, François Berlau avait choisi de ne pas recevoir son ministre comme il le faisait habituellement autour d'un café dans le salon d'angle. Bien calé derrière le bureau présidentiel, il l'attendait en jouant nerveusement avec les lunettes qu'il était désormais obligé de porter. C'était nouveau et ça ne lui plaisait pas. Rien que de très normal à quarante-deux ans, mais Berlau n'aimait pas le normal ! Et encore moins le thriller politique qui, depuis plus de six mois, se jouait à guichet ouvert sous ses fenêtres.

— Entrez, Bougival.

Pas de « cher Étienne », mais « monsieur le ministre » et un voussoiement protocolaire au lieu du tutoiement amical. Au ton et à ces premiers mots, Bougival comprit qu'il n'était plus en territoire ami.

— Vous avez demandé à me voir, monsieur le ministre de l'Intérieur ? dit sèchement le président en lui faisant signe de s'asseoir. Je vous



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