evangiles by Inconnu(e)

evangiles by Inconnu(e)

Auteur:Inconnu(e) [Inconnu(e)]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2015-04-21T16:11:52+00:00


12

Ça faisait deux jours que des conciliabules mystérieux se tenaient à l’auberge entre Suzy et Louiele. Il se passait manifestement quelque chose de grave. Ils parlaient à voix basse, secouaient la tête, prenaient des mines douloureuses. Suzy donnait des coups de poing sur la table et levait les bras au ciel, Louiele baissait la tête, l’air dépité.

Une nuit, Suzy m’a réveillé à trois heures du matin. J’ai ouvert les yeux, elle avait le visage barbouillé de suie autour de ses yeux tout blancs qui paraissaient énormes. J’ai voulu gueuler mais elle avait collé sa main sur ma bouche. Elle a chuchoté :

— Rendez-vous dans cinq minutes dans la salle du restaurant. Habille-toi en noir.

J’ai fait ce qu’elle a dit et je suis descendu. Elle m’attendait avec Louiele dans la pénombre. Ils étaient tous les deux habillés en noir, le visage barbouillé de suie !

Sans un mot, Suzy m’a fait asseoir sur une chaise et m’a badigeonné le visage avec un bouchon qu’elle noircissait régulièrement à la flamme d’un briquet. Sur son épaule se tenait monsieur Ratatosk, tout noirci lui aussi !

— Je peux savoir ce qui se…

— L’heure de la Terreur a sonné.

Louiele et l’ombre de Louiele se déplaçaient en silence dans le restaurant. Il portait une pince-monseigneur qu’il essayait de caler sur son épaule. Suzy a fini de me maquiller, puis elle a allumé une lampe de poche qu’elle a braquée vers le sol et nous sommes sortis de l’auberge, en file indienne et à pas feutrés. La nuit était noire comme de l’encre, le ciel exhibait des étoiles à l’infini, quelques grillons pleuraient dans les prés et un chien aboyait tristement dans le lointain. Sans un mot, nous avons coupé par les prés pour contourner le lac sur la gauche. Je me suis approché de Suzy. J’ai chuchoté :

— Tu peux me dire ce qui se passe ?

Elle chuchotait elle aussi :

— Il se passe qu’on passe à l’action… la vraie, la véritable, celle qui tire son principe de la contemplation métaphysique.

Je n’ai rien répondu et on a continué à marcher en silence lorsque Louiele a soudain articulé péniblement :

— A s’tot…

— Keski dit ?

— Il dit que c’est ce qu’Aristote appelle le « Moteur immobile ».

Je me suis arrêté net. J’ai regardé le troll. J’ai gueulé :

— Tu veux dire qu’il vient de citer Aristote ? ! Putain de merde ! C’en est trop ! Je vais lui botter le cul !

— Ta gueule ! a sifflé Suzy. T’es malade de gueuler comme ça ?

J’ai repris la marche. Je ne quittais pas le troll des yeux. J’ai saisi Suzy par l’épaule. Je me suis arrêté de nouveau.

— Bon, écoute-moi bien. Il est trois heures du matin, on est grimé comme des pygmées, on va je sais pas où et le troll se met à citer Aristote. Ça fait un peu beaucoup pour moi. Si tu m’en dis pas plus, je déserte.

— L’ennemi est de retour. Il faut le neutraliser. Expédition punitive. Terrorisme métaphysique. Maintenant silence.

On a longé



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