Etoiles, garde-à-vous ! by Heinlein Robert

Etoiles, garde-à-vous ! by Heinlein Robert

Auteur:Heinlein,Robert
Format: mobi
Tags: SF
Éditeur: Alexandriz
Publié: 1959-01-01T23:00:00+00:00


Six semaines après (et plus vieux de soixante ans), à la base Spatiale de Sanctuaire, je me présentai aux ordres de l’adjudant Jelal, à bord du Rodger Young. Je m’étais fait percer le lobe de l’oreille gauche et je portais maintenant un petit crâne d’or... avec un seul os. Al Jenkins, qui m’accompagnait, avait aussi le sien. Quant à Kitten, il n’avait même pas eu le temps d’être éjecté du Valley Forge. Les survivants des Chats Sauvages avaient été redistribués un peu partout. Une moitié de l’unité, à peu près, avait péri dans la collision entre l’Ypres et le Valley Forge. Quant aux combats... Ce désastre avait porté nos pertes à plus de 80 pour cent. L’autorité en place avait donc décidé que, dans ces circonstances, il n’était pas question de reformer l’unité. Le dossier Chats Sauvages avait été glissé dans les archives en attendant que toutes les blessures soient cicatrisées. Plus tard, sans doute, on reformerait la compagnie K, avec de nouveaux visages mais des traditions inchangées.

Quant aux autres unités, elles avaient de nombreux trous à combler.

L’adjudant Jelal nous accueillit cordialement et nous dit que notre nouvelle unité était « la meilleure de la Flotte », que le Rodger Young était le roi des vaisseaux, mais il ne parut pas remarquer le petit crâne à notre oreille. Ultérieurement, il nous conduisit au lieutenant. Nous eûmes droit à un vague sourire et quelques petites phrases paternalistes. C’est à ce moment que je m’aperçus que Al Jenkins ne portait plus son crâne d’or. Moi non plus. Nous aurions été les seuls dans les Têtes Dures de Rasczak.

Ils avaient une raison pour ne pas porter de crânes d’or. Avec les Têtes Dures de Rasczak, il n’était pas question de savoir combien de fois vous aviez sauté au combat, ni sur quels mondes. Vous étiez une Tête Dure ou vous n’en étiez pas une. Dans ce dernier cas, ils se fichaient éperdument de savoir qui vous étiez et ce que vous aviez fait. Nous avions été admis dans l’unité comme vétérans et non comme recrues, donc avec tout le bénéfice du doute possible.

Moins d’une semaine après, nous avions sauté avec eux, nous nous étions battus avec eux et il n’était plus question de doute. Nous étions des Têtes Dures, des membres de la famille. Ce qui signifiait qu’on pouvait s’engueuler en toute liberté, participer aux bagarres et aux discussions sans se faire rembarrer automatiquement. On nous appelait par nos prénoms et on pouvait même se le permettre avec les sous-officiers en certaines occasions. Et uniquement pendant le service. L’adjudant Jelal, par exemple, était toujours de service. Quand on le rencontrait à terre, il devenait « Jelly » et oubliait ses galons.

Mais le lieutenant, lui, était toujours « le Lieutenant ». Jamais « M. Rasczak » ou « lieutenant Rasczak ». On s’adressait à lui à la troisième personne. Il n’y avait pas de dieu, rien que « le Lieutenant », et l’adjudant Jelal était son prophète. Jelly, par exemple, pouvait dire « non



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