Et les vivants autour by Barbara Abel

Et les vivants autour by Barbara Abel

Auteur:Barbara Abel [Abel, Barbara]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782714493170
Google: J8PPDwAAQBAJ
Amazon: 2714493165
Éditeur: Place des éditeurs
Publié: 2020-03-04T23:00:00+00:00


« RIEN N’EST PLUS DANGEREUX POUR TOI QUE TA FAMILLE, QUE TA CHAMBRE, QUE TON PASSÉ. »

ANDRÉ GIDE

CHAPITRE 27

Les différents bruits des machines battent la mesure d’un interminable désœuvrement. Inaccessible, Jeanne repose, tellement absente et pourtant si présente. Gilbert la regarde. Il se tient debout devant son lit et la détaille, observe son visage, ses traits impassibles dont une moitié disparaît sous le respirateur. Il la contemple avec une intensité nouvelle, peut-être même est-ce la première fois qu’il la dévisage si attentivement. Son regard accroche le masque qu’elle porte, derrière lequel se cachent son nez et sa bouche, et d’où émerge son menton. Puis, juste sur le côté, le tube qui la relie à l’appareil respiratoire.

L’idée du tuyau débranché lui traverse l’esprit. Et la simplicité de cette image le frappe. Il suffirait de si peu. Un tube que l’on retire, une prise que l’on débranche. La vie ne tient qu’à un fil.

Gilbert suit le dispositif des yeux et remonte vers la machine. Celle-ci semble battre en sourdine, elle s’anime à intervalles réguliers d’un bref signal sonore tandis que lumières et graphiques palpitent à un rythme immuable. Ici, chaque seconde est la même que la précédente. Rien ne bouge, rien ne change. Il règne dans cette chambre une sensation d’éternité qui, étrangement, présente quelque chose de rassurant. Inconsciemment, Gilbert calque son souffle sur celui de l’appareil. Un bip pour inspirer, un autre pour expirer.

Alors que sa respiration se régule, un nom s’imprime en écho dans sa tête. Francis Leroux. Gilbert le scande en cadence. « Francis » : l’air s’engouffre dans ses poumons. « Leroux » : il l’expulse hors de lui, comme en un soupir de soulagement.

Francis Leroux.

C’est son homme. Le nom que Rose lui a fourni. Et les informations qu’elle a pu rassembler autour de lui sont pour le moins intéressantes. Francis Leroux est membre du personnel depuis un an environ, « technicien de surface » comme on dit aujourd’hui, et ne s’est plus présenté à l’hôpital depuis que l’affaire a été mise au jour. Motif de l’absence ? Personne n’en sait rien. Personne ne sait grand-chose sur lui, d’ailleurs. Tempérament introverti, peu communicatif, plutôt déplaisant, en tout cas pas très sympa. Physique ingrat. La description qu’en a faite la jeune infirmière a immédiatement alerté Gilbert. Il se souvient de ce que lui a dit le capitaine Perrac, « En général, ils sont peu attractifs, il faut bien le reconnaître. À quelques exceptions près, les pervers de ce genre sont plutôt laids ». Un homme rejeté par ses semblables en général, par les femmes en particulier. Ici aussi, les informations concordent : un homme que ses pulsions rendent marginal. Perrac a parlé de déviance sexuelle, évoquant la nécrophilie. L’esquisse d’un profil se précise : d’après Rose, Francis Leroux a précédemment travaillé à la morgue, et cet élément a interpellé Gilbert. À présent, plus il y pense, plus ça colle : violer Jeanne lui aurait permis d’assouvir un fantasme sans dépasser une limite qu’il n’était peut-être pas encore prêt à transgresser.



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