Escale forcée by Vernes Henri

Auteur:Vernes,Henri [Vernes,Henri]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2012-11-24T16:00:00+00:00

Chapitre 5

Un vent de panique avait soufflé à travers tout le camp. Comme si l’action de Bob Morane avait électrisé l’atmosphère. Même des personnes éloignées de la salle où se déroulait le drame avaient deviné qu’il se passait quelque chose d’anormal. Des hommes armés s’étaient mis à courir en tous sens, telles des fourmis hors de leur fourmilière éventrée par un coup de patte d’éléphant.

Quant à Bob Morane, il continuait à braquer la Kalachnikov. Il mit à profit les secondes de répit offertes par l’hésitation de ses adversaires pour peaufiner sa tactique. Au moindre geste, il appuierait sur la détente en se jetant à plat ventre de manière à éviter le tir de ses adversaires.

Il escomptait en venir à bout d’une seule rafale. Mais, il n’avait aucune envie d’en venir à cette extrémité. Ses chances de sortir vivant d’un tel imbroglio étaient proches de zéro.

Soudain la silhouette de Nabil Naiga s’encadra dans l’embrasure de la porte. Il s’arrêta brutalement et observa la scène.

Puis il secoua la tête à la manière d’un père surprenant ses enfants en train de commettre une bêtise.

— Monsieur Morane, ce n’est pas sérieux, dit-il. Vous n’allez quand même pas tuer mes meilleurs combattants !

— Apprenez-leur les vraies lois de la guerre, la convention de Genève, le respect de l’être humain, jeta Morane. Non seulement vous arrêtez des civils innocents mais, de plus, vous les traitez de manière plus infamante que s’il s’agissait de criminels.

Nabi Naiga, feignit l’embarras :

— Nous avons distribué de l’eau à vos amis passagers et nous leur préparons un peu de nourriture. Que voulez-vous que je fasse de plus ?

— Libérez-les !

— Une telle décision ne m’appartient pas. Mais je vous assure qu’ils seront bien traités.

— Et les pilotes, et le personnel de bord ?… Où sont-ils ?…

Je veux les voir…

— Ça suffit maintenant !

La voix de Nabil Naiga s’était soudain durcie. Il se tourna vers l’extérieur pour lancer quelques ordres. Devant lui, les hommes qui tenaient toujours Bob en joue se demandaient que faire. La situation leur pesait. Ils n’avaient pas les nerfs d’acier de Morane et certains donnaient déjà des signes de faiblesse.

Morane craignait que cela ne se traduise par un comportement agressif, une rafale tirée presque par erreur. C’est pourquoi il ne cessait de guetter chacun de leurs gestes. La sueur coulait sur leurs fronts, et cela n’augurait rien de bon.

— Monsieur Morane, fit Naiga, voici votre ami…

Le commandant Logan fut violemment précipité sur le sol. Il avait les mains liées dans le dos et sa chemise blanche était partiellement déchirée. Derrière lui venait le colosse qui avait apporté le carton contenant les appareils photo. Il paraissait à l’étroit dans ce local bas de plafond.

Il marcha d’un pas lourd vers Logan, posa son pied sur son dos et se pencha. D’une seule main, il attrapa le bras gauche du pilote et le tordit. Un craquement se fit entendre en même temps qu’un cri de douleur de Logan.

— Monsieur Morane, poursuivit Naiga. Si vous ne lâchez pas cette arme, cet homme ainsi que tous ceux regroupés dans le hangar perdront l’usage d’un bras.

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