Epidémie by Whitlock Geneviève G

Auteur:Whitlock, Geneviève G. [Whitlock, Geneviève G.]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782762138078
Barnesnoble:
Goodreads: 34401434
Éditeur: Fides
Publié: 2014-01-19T23:00:00+00:00

LES PLAINES VERTES

Moraggen s’était arrêtée au bord des Plaines Vertes..

Le soleil était sur le point de se lever. Malgré les tristes événements de la nuit, les Asaps avaient poursuivi leur route, sachant qu’ils seraient incapables de dormir. Ils avaient donc poussé plus avant leur descente des monts d’Ordovic, jusqu’à ce que le terrain redevienne plat. Toujours bouleversés par le sort de Meavy, mais bien décidés à vaincre l’adversité, ils avaient ensuite suivi un sentier dans un sous-bois calme pour finalement arriver à leur but : les Plaines Vertes.

Moraggen venait de revêtir sa cape de voyage en laine et avait rabattu le capuchon sur son visage fouetté par le vent. Si le printemps s’était tout juste installé en Asapmy, les Plaines Vertes semblaient plongées dans un hiver mélancolique et glacial. Partout, aussi loin que portait le regard, la neige immaculée étendait sa froide couverture.

— Vous croyez que ça s’arrête quelque part, ce truc-là ? demanda Vikh.

Ses amis haussèrent les épaules et s’avancèrent dans les Plaines. Malgré le fait qu’ils tentaient d’entretenir une cohérence dans leurs pensées, par un phénomène inexplicable, celles-ci leur échappaient progressivement.

Il ne s’agissait pas de la même expérience que celle qu’ils avaient vécue, lorsque, en compagnie de Meavy, ils avaient été pris en contemplation extatique devant cet endroit respirant la magie. Loin de là ! Chacun, à sa façon, voyait son esprit dériver.

La peur et la tristesse au fond d’elle-même, Moraggen avait l’impression qu’il lui manquait la moitié de son âme. Elle pressentait pourtant que ce manque serait bientôt comblé.

À ses côtés, Kheldrik regardait au loin. Il éprouvait la certitude que quelque chose l’attendait de l’autre côté de l’horizon et restait sur le qui-vive.

Vikh était envahi par la nostalgie. Il ne remettait pas en question ses ambitions de voyager toute sa vie, mais il comprit que son chez-soi ne pouvait être qu’en Asapmy.

Elsabeth, au contraire de ses compagnons, sentait son cœur gonflé de joie. Elle prenait conscience plus que jamais de l’étendue de ses pouvoirs. Surtout, elle se laissait gagner par l’agréable perspective qu’ils seraient toujours décuplés en ce lieu merveilleux.

Alors que ces impressions diverses s’imprégnaient en eux avec une fatalité effarante, les Asaps poursuivaient leur mission et se frayaient un chemin dans la neige, qui leur montait jusqu’aux genoux.

Le soleil avait atteint son zénith lorsque Moraggen se laissa choir dans la masse blanche rendue collante.

— Je n’en peux plus, dit-elle au bord des larmes. Je déteste cet endroit !

Vikh déclara forfait. Du moins momentanément. Il s’agenouilla près de Moraggen et exigea à son tour une pause. Kheldrik et Elsabeth échangèrent un regard avant de finalement obtempérer. Trop épuisés pour imaginer une conversation, les quatre se contentèrent longuement de reprendre des forces. Puis, Moraggen releva la tête et observa farouchement ses amis. Elle ne prononça pas un mot, mais ils comprirent exactement le message qu’elle tentait de leur passer. Le silence, le froid et le vide cruel des Plaines étaient en train de l’achever.

En effet, elle avait eu beau s’imposer tous les moyens pour puiser en elle la force d’accomplir sa mission,

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