Entre mes bras by Thierry Robberecht

Entre mes bras by Thierry Robberecht

Auteur:Thierry Robberecht
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Weyrich
Publié: 2014-11-15T00:00:00+00:00


Chapitre 17

Au bout d’une bonne minute, sa femme a entrouvert la porte. Elle était blanche comme une morte et ses yeux rouges disaient qu’elle avait pleuré.

— C’est toi ? elle a dit pour dire quelque chose en se séchant les yeux. Les médecins t’ont laissé sortir de l’hôpital ?

— Plus ou moins, a menti Erwin.

Elle nous a regardés en se demandant ce qu’elle allait faire de nous. Pendant une seconde ou deux, je me suis dit qu’Erwin avait finalement raison : sa vie n’était plus là, trop de douleurs, trop de larmes, trop d’escaliers.

Les enfants sont apparus à la porte, de chaque côté de leur mère, curieux de savoir qui pouvait bien venir sonner si tard. Ils observaient leur père assis sur moi. Ils l’examinaient non pas comme leur père, mais comme un autre enfant, un étranger sur le point d’envahir leur espace vital, un enfant malade dont leur mère allait s’occuper beaucoup plus que d’eux-mêmes dans les mois à venir. Comme souvent en pareil cas, je retrouvais le jeu de chaises musicales qui s’opérait dans cette famille, l’espèce de glissement de terrain qui fait en sorte que les membres de la famille occupaient soudainement d’autres fonctions et changeaient de statut.

— Pourquoi t’es pas resté à l’hôpital, Papa ? a demandé le fils. T’es guéri ?

— Non, je ne suis pas complètement guéri. Tu n’es pas heureux de me voir ? À présent, je vais pouvoir vivre à nouveau ici, avec vous, comme avant, a répondu le père. Tout va rentrer dans l’ordre.

Et cette phrase, il la prononçait plus pour luimême que pour son fils.

— Brrr ! a fait Farid qui commençait à se geler en restant immobile dans la rue.

— Vous avez froid, a dit la femme d’Erwin. Entrez boire quelque chose de chaud. Que voulezvous ? Un jus ? Une tisane ? Un thé à la menthe ?

— Vous le faites sûrement moins bien que ma mère, le thé à la menthe, a répondu Bilal, mais je veux bien entrer. J’ai froid et puis, je suis curieux de le goûter, votre thé à la menthe. C’est presque une enquête sociologique. Comment les Belges font le thé à la menthe ? Je parie qu’il est dégueu ! Attention ! je serai sévère et impitoyable !

— Bon, eh bien, vous me direz ce que vous en pensez ! a fait la femme trop sérieusement en s’écartant un peu pour laisser passer Bilal.

On voyait bien qu’elle n’avait pas compris que le ton de l’adolescent était à la plaisanterie. Comme si, après ce qui était arrivé à Erwin, elle n’était plus capable d’éprouver de la légèreté et que l’humour était devenu pour elle une langue étrangère.

Les trois ados sont entrés dans le hall de la maison, en silence, les mains dans les poches, mal à l’aise.

— Ne faites pas trop de bruit, car il vaudrait mieux que les enfants se rendorment. Demain, je les réveillerai très tôt, a encore déclaré la femme d’Erwin aux ados avant qu’ils ne disparaissent dans la cuisine.



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