Entre deux âmes by Delly

Entre deux âmes by Delly

Auteur:Delly [Delly]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: La Bibliothèque électronique du Québec
Publié: 2015-03-29T12:40:30+00:00


XIII

Valderez venait de recevoir un mot de son amie Alice. Celle-ci ayant l’occasion de passer le lendemain par Angers, demandait à Mme de Ghiliac de lui envoyer une dépêche pour lui dire si elle pouvait venir la voir à Arnelles et lui présenter son mari, en même temps que faire connaissance avec M. de Ghiliac.

Certes, Valderez était heureuse à la pensée de revoir cette amie très aimée. Mais une sourde tristesse s’agitait en elle, car elle savait que la vue du bonheur conjugal d’Alice allait raviver la secrète blessure de son propre cœur.

Elle jeta les yeux sur la pendule. Il était tard déjà ; elle n’avait que le temps d’aller communiquer ce billet à M. de Ghiliac, si elle voulait que la dépêche partît à temps. Et pour cela, il lui fallait aller le trouver dans son appartement où il travaillait aujourd’hui.

En même temps, elle profiterait de cette occasion pour lui adresser une requête que sa bonté, sa délicate charité lui avaient seules empêché de refuser. Tout à l’heure, elle avait reçu la visite d’une dame veuve, fort honnête personne, recommandée par le curé de Vrinières, et de son fils, qui briguait l’emploi de second secrétaire de M. de Ghiliac, le titulaire actuel étant sur le point de se marier à l’étranger. Louis Dubiet présentait les meilleures références, mais sa santé, à la suite de pénibles épreuves morales et pécuniaires, s’était altérée, et le pauvre garçon, déjà peu avantagé par la nature, avait fort triste mine dans ses vêtements propres mais râpés.

M. de Ghiliac l’avait éconduit lorsqu’il s’était présenté en solliciteur. Et maintenant, les malheureux venaient supplier la jeune marquise de parler en leur faveur, cette place de secrétaire, très bien rémunérée, devant être pour eux le salut.

Ils ne paraissaient pas douter que Valderez ne réussît à faire revenir son mari sur sa décision. Devant leurs instances, devant les larmes qu’elle vit dans les yeux de la mère, elle céda et promit, – bien qu’il lui en coûtât extrêmement de faire cette démarche qu’elle savait d’ailleurs par avance vouée à l’insuccès. M. de Ghiliac n’était certainement pas accessible à la pitié, ses décisions restaient toujours sans appel, et, de plus, il était inadmissible qu’un homme qui tenait tant à voir autour de lui l’harmonie et la beauté, acceptât ce pauvre être disgracié et minable.

Mais enfin, elle avait promis, il fallait tenir. Et la lettre d’Alice servirait d’introduction.

Elle se dirigea vers le cabinet de travail d’Élie, qui communiquait par un escalier particulier avec son appartement du premier étage. Elle n’était pas venue encore dans cette partie du château, et, un peu au hasard, elle frappa à une porte.

Sur un bref « entrez ! », elle ouvrit et se trouva au seuil d’une pièce d’imposantes dimensions, décorée et meublée dans le style du plus pur seizième siècle. Des fleurs étaient disposées partout et exhalaient une senteur capiteuse qui se mêlait au parfum préféré de M. de Ghiliac et à l’odeur d’un fin tabac turc.

Élie, nonchalamment étendu sur une sorte de divan bas,



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