En ville by Oster Christian

En ville by Oster Christian

Auteur:Oster, Christian [Oster, Christian]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782879297781
Google: DIJHlQEACAAJ
Amazon: 2879297788
Éditeur: Editions De L'olivier
Publié: 2013-01-02T23:00:00+00:00


Ce qu’on m’a dit à l’hôpital, le même, évidemment, que celui d’où était sorti William et où m’avait fait transporter, en gros, la gardienne de l’immeuble, alertée par le bruit, c’est que je souffrais d’une embarrure, qui est un enfoncement de l’os dans la cavité crânienne, où se trouvaient maintenant des esquilles qu’il fallait extraire. J’avais perdu connaissance pendant deux heures mais non la mémoire, encore que celle que je conservais de ma chute restât floue, où William m’apparaissait couché, à mes côtés, cependant que j’étais la proie d’un sommeil agité où il surgissait par intermittences, dans un effet de stroboscopie. J’ai eu toutefois, après le scanner et avant qu’on m’emporte au bloc, les idées suffisamment claires pour reconstituer en partie la scène, d’où il ressortait que nous étions tombés ensemble, et pour demander, sans éprouver exactement le sens des mots que j’employais, comme si ma pensée et surtout ma sensibilité tardaient à reprendre forme, des nouvelles de William, dont j’ai appris la mort quelques minutes, donc, avant qu’on m’endorme pour l’opération, minutes qui m’ont paru, étant donné mon état, s’écouler dans une réalité fragile où cette mort, précisément, s’est présentée tantôt comme un fait ancien, précédant même l’accident, et n’ayant pas de rapport avec lui, tantôt comme une irruption, la chute se matérialisant juste après que j’imaginais William mort, que je revoyais rétrospectivement tomber avec moi dans des circonstances confuses mais avec une grande netteté en ce qui concernait la dynamique des corps, parfaitement détachés l’un et l’autre, mais non l’un de l’autre, tout dans ma vision restant une affaire de lignes, d’équilibre des masses, comme s’il se fût agi d’un projet d’artiste ou d’une case de story-board, tandis que je cherchais en vain à me représenter le visage de William, dont j’avais peut-être, en fait, perdu le souvenir à l’occasion du choc, mais qui m’est revenu à peine modifié - je ne retrouvais pas en tout cas l’expression de son regard, cette sorte de systématique sourire d’acceptation. Personne n’était venu me voir le jour de l’accident, d’abord parce que je n’ai pas sur moi de papiers portant mention de qui que ce soit à prévenir en cas d’urgence, ensuite parce que, quand on me l’a demandé, j’ai répondu que dans l’immédiat je ne voyais pas, que j’allais réfléchir. Après la phase de réveil, la mort de William m’est revenue en pleine conscience, et j’ai commencé à mesurer combien elle me touchait, notamment eu égard au fait que j’avais peu connu William, même si je l’avais davantage approché que Georges, par exemple. C’est précisément parce que j’avais peu connu William, ai-je compris, que sa mort m’atteignait, me l’enlevait d’autant plus en m’interdisant de mieux le connaître et ce que je perdais, notamment, outre ce que j’avais connu de William, c’était ce que je n’en avais pas connu et que je n’en connaîtrais jamais, c’était là, dans cette zone hors d’atteinte, que se tenait l’irréparable, et non dans le souvenir que je conservais de lui, dont on sait comment la



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