En attendant Bojangles by Olivier Bourdeaut

En attendant Bojangles by Olivier Bourdeaut

Auteur:Olivier Bourdeaut [Bourdeaut, Olivier]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature Française
ISBN: 9782363390677
Éditeur: Finitude
Publié: 2016-01-06T23:00:00+00:00


Le nouvel appartement était charmant mais beaucoup moins drôle que le précédent. Il n’y avait que deux chambres, le couloir était minuscule et nous étions obligés de toucher les murs en nous croisant. Il était tellement court, qu’avant même de pouvoir prendre notre élan on se retrouvait nez à nez avec la porte d’entrée. Du vaisselier végétal il ne restait que le lierre, le meuble était trop grand pour le salon. Alors le lierre était par terre et le meuble à la décharge, comme ça ils avaient perdu tous les deux leur charme. Pour faire rentrer le grand canapé bleu capitonné, les deux fauteuils crapauds, la table-sablier et la malle-capitale dans le salon, il avait fallu les tourner dans tous les sens, une partie de puzzle qui dura des jours entiers, avant de réaliser que tout ne pouvait pas rentrer correctement, et d’envoyer la malle-capitale moisir dans la cave. Dans la salle à manger, la grande table ne rentrait pas non plus, alors nous l’avions remplacée par une plus petite qui ne pouvait recevoir aucun invité. Il y avait la place qui attendait Maman, celle de Papa, la mienne et celle de l’Ordure, parce que malgré ses efforts, il n’arrivait toujours pas à poser une assiette et des couverts sur son estomac, ça ne tenait pas. Enfin si, on pouvait les poser, on essayait à tous les repas, mais ça glissait à chaque fois. Dans ma chambre, il n’y avait que le lit moyen parce qu’avec le grand, je n’avais plus un centimètre pour mettre mes jeux. Nous pouvions toujours jouer à Claude François, mais les distances étaient trop courtes et les fléchettes arrivaient dans sa tête à tous les coups. Même Claude François était moins comique dans cet appartement-là. Les gros pots de la cuisine avaient laissé leur place à un bac riquiqui avec de la menthe pour les cocktails de l’Ordure et de Papa. La salle de bains était ridiculement minuscule. L’Ordure n’arrivait ni à se tourner, ni à respirer, il rentrait en marchant comme un crabe et en sortait suant, rouge comme un homard. On l’entendait pester à chaque fois qu’il faisait tomber un objet, et après il se mettait à hurler, parce qu’il en faisait tomber encore plus en voulant les ramasser. Pour lui, prendre une douche, c’était pire que le service militaire. Quant au pauvre cavalier prussien, il était posé sur le sol sans aucun égard dû à son rang. Il avait remporté de nombreuses batailles, son veston était couvert de décorations et il finissait posé par terre comme un vulgaire torchon, avec pour seule vue un tancarville rempli de chaussettes et de caleçons, ça me collait un de ces bourdons. D’ailleurs, la vue dans ce logement était triste pour tout le monde, il donnait pile poil sur une cour d’immeuble, il faisait sombre et on voyait les voisins qui se promenaient chez eux. Enfin c’est plutôt eux qui nous regardaient bizarrement quand on jouait à la bavette avec l’Ordure, ou qu’on posait des assiettes



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