Elem d'Asie by J. H. Rosny

Elem d'Asie by J. H. Rosny

Auteur:J. H. Rosny
La langue: fra
Format: mobi
Tags: Roman
Éditeur: Bibliothèque numérique romande
Publié: 2019-01-14T00:00:00+00:00


IV

LA POURSUITE

Un peu après l’aurore, Vamireh et sa compagne atteignirent enfin le fleuve. L’esquif abandonné était toujours dans le buisson où il l’avait caché, il n’eut qu’à le charger sur son épaule et à le remettre à flot. Mais quand il voulut y placer l’étrangère, elle manifesta une répugnance violente. Il fallut presque la contraindre. Au reste, dès qu’elle fut embarquée, sa résignation revint, son fatalisme d’Orientale.

Vamireh, se tenant près de la rive où le courant était maniable, se mit à remonter le fleuve avec lenteur. L’heure était délicieuse, dans les rayons obliques, non chauds encore, toute la nature rajeunie sur les steppes. Des arbres plus nombreux annonçaient l’approche de la forêt. Vamireh espéra l’atteindre avant que le soleil fût à mi-route vers les zéniths. À peine pagayait-il depuis une demi-heure, qu’il eut une alerte. Son œil aigu, là-bas, sur la plaine, apercevait une troupe confuse, hommes ou animaux. Après quelques minutes, le doute ne fut plus permis ; c’étaient des hommes semblables aux poursuiveurs de la veille et, selon toute probabilité, les mêmes. Grâce au rideau des arbres, il y avait toute chance qu’ils n’aperçussent pas de suite l’esquif, tandis que Vamireh, proche de ces mêmes rideaux, et pour qui, en conséquence, toutes les trouées étaient autant d’observatoires, était en position de suive leurs mouvements sur la surface déclive qui menait au fleuve. Ils n’allaient pas vite d’ailleurs, ils s’arrêtaient souvent, et il fut bientôt évident pour le nomade qu’ils suivaient sa piste, avec toutes les haltes que comporte ce mode de poursuite. Vamireh dissimula son impression à sa compagne et se mit à pagayer plus ardemment, avec l’idée d’atteindre la forêt et de débarquer à l’autre rive. Mais après quelques minutes, la jeune fille aperçut à son tour les arrivants et ses traits s’animèrent, une exclamation jaillit de sa poitrine, puis, tournée vers son ravisseur, elle le regarda d’une manière suppliante et humble. Ému, il baissa les paupières. Mais un dépit lui vint, une résolution farouche qui lui fit dire comme la veille :

— Vamireh est le plus fort !

Elle se tint raide, en apparence indifférente, épiant obliquement la venue des autres. Vamireh calcula que s’il pouvait être hors de vue au moment où ils atteindraient la rive d’assez près pour percevoir les détails du fleuve entre les végétations de bordure, ils hésiteraient nécessairement entre trois idées : qu’il avait descendu le courant, qu’il l’avait remonté ou qu’il avait traversé le fleuve et continué sa route vers l’Est. En maintenant la vitesse actuelle de son esquif, il serait possible d’atteindre l’île longue et étroite, couverte d’arbres, qu’il apercevait en amont du fleuve, à deux mille coudées.

Là, en obliquant à droite, il deviendrait impossible aux poursuivants de rien distinguer. D’ailleurs, à évaluer les distances et les vitesses respectives, Vamireh n’arrivait qu’à un à peu près, et tout son salut dépendait d’une dizaine de coudées. Aussi concentra-t-il ses forces dans un effort suprême et il approcha rapidement de l’île. Mais en même temps les autres approchaient du fleuve. À un



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.