El matador by Henri Vernes

Auteur:Henri Vernes [Vernes, Henri]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier, Action & Aventure
Publié: 2012-04-05T20:06:04+00:00

VIII

Les hommes de Tino Rossi n’avaient pas quitté le couloir de la clinique, à l’étage où se trouvait la chambre de Ballantine. Morane les salua avant de frapper à la porte. Il pénétra dans la chambre sans attendre de réponse, et l’ange blond que le professeur Bourrier appelait « Mon petit » détacha le regard de ses yeux dorés du livre qu’elle lisait, près de la fenêtre, pour offrir à Bob un sourire étincelant. Il lui sourit à son tour, avant de se tourner vers Bill.

— Salut, commandant ! lança le colosse.

Il était assis dans son lit, le dos appuyé contre trois oreillers, un plateau-table roulant immobilisé à hauteur des genoux, un toast croulant de confiture entre les doigts. Et il ressemblait toujours autant à une momie. Une momie prenant son petit déjeuner.

— Bon appétit ! dit joyeusement Morane.

L’Écossais engloutit son toast d’une seule bouchée.

— Merchi, grogna-t-il.

— Je vous laisse, murmura « Mon petit » en se dirigeant, comme à regret, vers la porte.

Quand Bill et lui furent seuls, Bob s’assit prudemment sur l’extrême bord du lit, tout en demandant :

— Alors ?

Bill avala son toast et, tandis que Morane lui en préparait un autre, il renvoya :

— Alors, vous-même, commandant ?

— Bon, d’accord, c’est à moi de raconter. Mais, d’abord, comment te sens-tu ?

— Beaucoup trop bien pour rester encore longtemps dans ce plumard. La petite est charmante, absolument charmante et tout, je ne dis pas le contraire, mais…

Agitant sous le nez de Bob les masses blanches et informes de ses mains bandées, le colosse poursuivit :

— … je ne suis pas particulièrement bien équipé pour faire le joli cœur… Un peu de confiture, s’il vous plaît, commandant… Si Bourrier ne me donne pas mon bon de sortie ce soir même, je lève le camp sans son autorisation… Et vous ? Qu’est-ce que vous avez fait toute la journée, hier ? Depuis votre coup de fil d’avant-hier soir, je vous attendais avec impatience, vous pensez ! Alors, comme ça, on a bousillé la Jag ? Et qu’est-ce que c’est que cette histoire de type dans l’immeuble en construction ? Si je vous ai bien compris, il est hors de combat ? Alors, qu’est-ce qui…

— Ouvre la bouche, coupa Morane. Toute grande.

Le colosse obéit et Morane introduisit le toast croustillant entre les lèvres distendues, comme une poire d’angoisse. Profitant ensuite de ce que Bill ne pouvait plus articuler un seul mot, Morane lui raconta ce qui s’était passé depuis l’avant-veille, après que Rossi et lui l’eurent quitté.

— Et hier ? demanda Ballantine quand son ami eut terminé.

— J’ai passé toute la journée et une bonne partie de la nuit avec Tino…

— Vous souffrez d’insomnie, tous les deux ?

— Tu parles ! On a carburé au café noir, au point que les yeux nous tombaient des orbites. Pendant des heures, pratiquement sans interruption, on a fait défiler sur écran les gueules de tous les malfrats dont les photos figurent dans les fichiers de l’Identification.

— Et… le résultat ?

— Peau de balle !

— Ça vous a surpris ?

— Pas spécialement.

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