[Ed & Am Hunter-04] Le Monstre vous Salue Bien by Brown Fredric

[Ed & Am Hunter-04] Le Monstre vous Salue Bien by Brown Fredric

Auteur:Brown,Fredric
La langue: fr
Format: mobi
Tags: Policier
ISBN: 2264014911
Éditeur: AlexandriZ
Publié: 1950-01-22T19:14:27+00:00


CHAPITRE X

Le Blue Crocodile était une boîte de nuit de taille moyenne et de prix moyen. Pas la boîte la plus chic de Chicago ni de loin la plus minable. C’était un jeudi soir, il n’y avait pas foule mais suffisamment d’animation pour qu’on ne s’apitoie pas sur le sort d’Augie Grane. Soixante à quatre-vingts personnes évoluaient dans une salle qui pouvait en contenir aisément une centaine, et même moitié plus, les nuits du grand gala ; un orchestre de cinq musiciens conduit par Harry Hart (je possédais certains de ses disques) jouait avec entrain, tandis qu’une douzaine de couples se démenaient sur la piste de danse.

Quand le maître d’hôtel s’avança vers moi, je demandai une table pour deux, en précisant que mon amie arriverait en retard. S’il me voyait seul à ma table par la suite il se dirait qu’on m’avait posé un lapin, mais ça valait mieux que d’attirer l’attention en ayant l’air de faire cavalier seul. Il me guida vers la table la moins bien placée, loin de la piste derrière un pilier qui me masquait l’orchestre mais peu m’importait, je n’étais pas venu pour me régaler l’oreille. À bien y réfléchir, pourquoi étais-je venu… sans doute pour apercevoir Estelle.

Elle avait dû me voir entrer, car dès que le maître d’hôtel se fut éclipsé elle vint vers moi, une vraie splendeur dans une robe du soir dont l’ample jupe avait dû nécessiter une douzaine de mètres carrés d’étoffe et le haut, un mouchoir de poche. Une tenue fort coûteuse en tout cas. Je me demandai si elle appartenait à sa garde-robe personnelle, si c’était la maison qui la fournissait avec le job ou si c’était un somptueux cadeau d’Augie… Cette dernière hypothèse étant peu vraisemblable puisque leur rencontre ne datait que de l’après-midi ; ils ne seraient tout de même pas allés si vite en besogne. Je captai son regard et eus des remords de ma jalousie mesquine.

Arrivée près de ma table, elle me proposa des cigarettes avec son sourire le plus impersonnel. J’étais sur le point de refuser, ayant un paquet inentamé en poche, quand je remarquai qu’elle en avait un dans la main et qu’une petite feuille de papier était glissée en dessous, sur sa paume. Elle posa le tout promptement sur la table, l’un cachant l’autre. Je lui glissai un billet d’un dollar et elle partit sans même me rendre la monnaie. J’enfouis le paquet dans la poche de ma veste mais l’arrivée du garçon m’empêcha de prendre connaissance du billet. Je commandai un whisky-soda et un sandwich club ; je n’avais mangé qu’un hamburger tandis que Bassett en engouffrait quatre et mon appétit, momentanément coupé par la visite à la morgue, renaissait de plus belle. Je lui demandai également de m’indiquer où on pouvait téléphoner, mieux valait prévenir l’agence pour que le cas échéant on sût où me joindre.

Dans la cabine je dépliai immédiatement le papier d’Estelle, il n’y avait que deux mots : « Salut Eddie ! » J’eus envie en même temps de pester et de rire.



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