Echo by Ingrid Desjours

Auteur:Ingrid Desjours [Desjours, Ingrid]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Thriller

10

Avait-il été surpris par le coup de fil de Garance ? Non. Croyait-il vraiment qu’elle souhaitait en savoir plus sur Johanna ? Non plus. Il connaissait bien le pub des Grands Boulevards où elle lui avait donné rendez-vous. La lumière était tamisée, la musique présente sans être envahissante et les sièges très confortables.

Il arriva en avance pour être sûr d’être bien placé. Il avait choisi un canapé en cuir tout au fond de la salle, dans l’intimité d’une pénombre complice, d’où il pourrait la voir arriver.

Il ne fut pas déçu.

Elle le repéra immédiatement et s’avança vers lui, de sa démarche féminine et assurée. Elle le salua d’un sourire, sans rien dire, déboutonna lentement son manteau, du bas vers le haut, sans le quitter des yeux. Lui, fermement calé sur son siège, jambes croisées, décontracté, la fixait avec envie, un bras posé sur le dossier, un doigt dans la bouche qu’il suçotait avec gourmandise plus qu’il ne le rongeait.

Le manteau tomba jusqu’à ses mains. Elle le jeta sur un siège. Elle était vêtue d’une robe noire faussement sage aux bretelles fuyantes – décidément, il adorait ses épaules – et arrivant jusqu’aux genoux. Il se demanda si elle portait des bas, un porte-jarretelles, une culotte ? Il la déshabillait du regard, sans vergogne, et elle aimait ça.

Elle s’assit face à lui. Croisa les jambes et commanda un verre de vin blanc. Elle était un peu maquillée. Plus que ce matin. Ses lèvres brillaient. Il voulait les goûter.

— Tu es superbe.

— Merci.

Pas la peine de s’offusquer de ce tutoiement. Qui aurait été dupe ?

— Remarquable…

— Remarquée en tout cas ! C’est la robe…

— Même sans la robe, ce que j’espère bien voir, plaisanta-t-il. Même vêtue d’un jean et d’un pull, comme l’autre jour pendant l’enregistrement de l’émission.

Garance accusa le coup.

— Tu m’as vue ?

— Tu étais aussi discrète qu’un troupeau d’éléphants dans un magasin de porcelaine, se moqua-t-il.

— Tu exagères. J’étais juste la seule nana baisable du public, c’est pour ça que tu m’as remarquée, répondit-elle, vexée, en faisant la moue.

— L’instinct du chasseur, répliqua-t-il d’un ton énigmatique.

— Ai-je l’air d’une proie ? lui lança-t-elle d’un air de défi.

— Exactement le type de proie que j’aime chasser.

Garance frissonna malgré elle. Il lui faisait beaucoup d’effet. Elle prit un air gêné mais mutin qui serait irrésistible. Il se pencha vers elle, par-dessus la maudite table qui les séparait, et lui demanda tout doucement afin qu’elle se rapproche :

— Tu as faim ?

— Très, répondit-elle dans un souffle.

Ils commandèrent donc. Le repas fut agréable, bien que peu gastronomique. Nicolas s’ouvrit à elle sur son enfance, son séjour aux États-Unis, son ambition, ses premières années dans le monde du show-business. Ils parlèrent de musique et de cinéma. Elle se touchait régulièrement le cou, il se caressait les lèvres en scrutant ces bretelles qui ne tenaient pas en place et dénudaient les épaules rondes de Garance.

— Je prendrais bien un thé, déclara-t-il, en captant son regard.

— Tu veux en commander un ?

— Chez toi !

Le ton était sans appel.

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