Dictionnaire Nietzsche (French Edition) by Dorian Astor

Dictionnaire Nietzsche (French Edition) by Dorian Astor

Auteur:Dorian Astor
La langue: fra
Format: azw3
Éditeur: ROBERT LAFFONT/BOUQUINS/SEGHER
Publié: 2017-03-08T16:00:00+00:00


IDYLLES DE MESSINE (IDYLLEN AUS MESSINA)

Les Idylles de Messine sont une liasse de huit poèmes, les seuls que Nietzsche ait jamais publiés en revue, parus dans l’Internationale Monatschrift (1re année, no 5, mai 1882), chez son éditeur Ernst Schmeitzner à Chemnitz. Ils appartiennent aux essais poétiques de février à avril 1882 d’inspiration souvent comparable aux soixante-trois « épigrammes » du « Prélude en rimes allemandes » du Gai Savoir. Six de ces poèmes ont été repris, avec des modifications de titres, dans les Lieder des Prinzen Vogelfrei, qui viennent clore la deuxième édition du Gai Savoir (1887).

Comme le titre l’indique, l’unité de ces textes est d’abord le lieu symbolique de Messine, en « Grande Grèce », où Nietzsche passa brièvement au printemps 1882. Mais la géographie se fait vite philosophie, et engage aussi une certaine unité de thèmes : les chants amoureux et pastoraux d’un autre Sicilien, Théocrite (que Nietzsche faisait lire à ses élèves dans un panorama de la poésie grecque et dont il fait l’éloge dans OSM, § 173), la nature méditerranéenne, en particulier la mer, mais aussi le ciel et le soleil, souvent confondus dans l’expression d’une apesanteur philosophique. Aussi les êtres qui volent et qui voguent, tels « l’angelot » moitié oiseau, moitié bateau, ou encore « L’albatros » final, sans oublier le « Prince libre comme l’oiseau », qui ouvre le recueil, peuplent-ils ces vers qui se veulent ailés et chantent non seulement la légèreté de l’esprit, mais aussi l’ascension sublime et sereine d’un victorieux devenu oublieux de sa victoire (« Vogel Albatross » – où la référence au « vaste oiseau des mers » propose une vraie antithèse de son usage baudelairien).

En même temps, l’unité de ton n’est pas totale, et le lyrisme se mâtine ici, comme souvent chez Nietzsche, de distance : satire, volontiers anticléricale, de la « petite sorcière », ou de la fusion sentimentale et italienne de l’amour et de la piété, unies contre la mort – « Pia, caritatevole, amorosissima (Auf dem campo santo) », épigramme inspirée par une épitaphe –, autodérision de poète philosophe (un pivert, oiseau de mauvais augure annonçant sa burlesque vocation poétique, dans Vogel-Urtheil, poème qui consiste en les deux premières strophes du plus long et plus célèbre Nur Narr, nur Dichter!, « Rien que fou, rien que poète ! »).

De cette ironie témoigne la facture de certains poèmes en rimes redoublées fonctionnant sur l’appariement facile et entêtant de simples diminutifs (en – chen et en – lein). La poésie apparaît ici comme un délassement virtuose, une « folie » bouffonne engageant des saturations d’effets et de jeux de mots, d’assonances multiples ou d’allitérations quasi wagnériennes (« Ziel und Zug und Zügel »).

Au milieu de ces jeux, surgissent, telle la parabole de l’éternel retour mise en place par la scène nocturne onirique de Das nächtliche Geheimniss (Le secret nocturne), de beaux emblèmes philosophiques annonciateurs de la synthèse du poème et du philosophème réalisée sous forme ludique dans « Plaisanterie, ruse et vengeance », puis dans les versets d’Ainsi parlait Zarathoustra.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.