Dictionnaire amoureux des Jardins by Alain Baraton

Dictionnaire amoureux des Jardins by Alain Baraton

Auteur:Alain Baraton [Baraton, Alain]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 2259208568
Éditeur: Plon
Publié: 2011-12-31T23:00:00+00:00


Petits princes, videz vos débats entre vous :

De recourir aux rois vous seriez de grands fous.

Il ne les faut jamais engager dans vos guerres,

Ni les faire entrer sur vos terres.

La Quintinie (Jean-Baptiste de)

Il est bien difficile de se faire un nom quand on travaille sa vie durant à l’ombre du Roi-Soleil. Il est d’autant plus dur de léguer son nom à la postérité quand les livres d’histoire ne se souviennent que de Hardouin-Mansart, Le Brun et Le Nôtre. Et pourtant, Jean-Baptiste de La Quintinie fut sans conteste le plus grand jardinier du XVIIe siècle, et peut-être même de tous les temps.

Notre homme est un botaniste passionné par ses recherches et ses travaux. Il est un scientifique reconnu par ses pairs et les ouvrages qu’il rédige sur la meilleure manière de tailler les arbres fruitiers font toujours référence.

Rien ne prédestinait La Quintinie à devenir jardinier. Jeune homme, il suit de brillantes études de droit et devient un avocat réputé vivant confortablement de son travail. Mais ce natif de Chabanais, en Charente, découvre les plaisirs du jardinage en lisant un ouvrage consacré à Antoine Legendre, curé d’Hénouville, aumônier et contrôleur des jardins fruitiers du roi Louis XIII.

La Quintinie est heureux lorsqu’il a les mains dans la terre, il a besoin de toucher les plantes, de caresser l’écorce des arbres. Il ne se contente pas de cultiver ou de tailler, il observe. Il constate ainsi que certaines coupes de branchage favorisent la production de fruits plus gros, plus juteux, plus sucrés. Après s’être exercé à la pratique sur les terrains qu’il peut exploiter, il devient le premier créateur de potager du royaume. Les grands propriétaires le réclament, à Rambouillet, Chantilly, et bien sûr à Vaux-le-Vicomte. C’est dans ce lieu sublime que Louis XIV découvre son travail et lui demande de venir participer à la grande aventure versaillaise. Dès 1662, il dessine la trame de ce qui deviendra le Jardin du Roy. En 1670, c’est la consécration, et La Quintinie est nommé directeur des jardins fruitiers et potagers des maisons royales. Il exulte, mais ses relations avec Le Nôtre sont tendues. Il peste contre la qualité des terres livrées pour son nouveau jardin et accuse le grand jardinier de privilégier ses parterres et broderies. Parallèlement, il bataille pour obtenir l’élévation des murs d’enceinte du potager et mettre ainsi un frein au pillage des récoltes.

Notre agronome est un solitaire qui regarde attentivement la nature et prend des notes. Contrairement à Le Nôtre qui ne transmet ni savoir, ni écrit, ni dessin, La Quintinie s’entoure d’élèves à qui il enseigne l’art de la botanique. Ses remarques ne manquent pas de sel. Lui aussi se demande si la lune exerce une influence sur la croissance et la qualité des végétaux. Pendant des années, il écrit sur un carnet les dates de semis et de cueillettes, il précise la pluviométrie, la température, l’ensoleillement, la provenance des vents et la position de l’astre lunaire. Et il en arrive à la conclusion que la lune est un prétexte pour les mauvais jardiniers.



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