Description d'Olonne by Jean-Christophe Bailly

Description d'Olonne by Jean-Christophe Bailly

Auteur:Jean-Christophe Bailly [Bailly, Jean-Christophe]
La langue: fra
Format: epub
Tags: littérature française
ISBN: 9782267020922
Éditeur: Christian Bourgois
Publié: 2010-04-01T22:00:00+00:00


Ciels

* * *

Un drôle d’éclat solaire, une mobilité de reflets que je n’ai jamais retrouvée et que je n’avais jamais vue : quelque chose de blond, comme porté par une terre chaude et calme, mais cette blondeur ravivait du bleu, un bleu profond et tremblant, encore jeune et portant cette jeunesse que le blond ou le jaune, vieux quant à eux et même sans âge, exaltaient. Comme si Olonne, pierre claire et ardoise sombre, volets bleus et blancs prêts à battre, n’avait plus été seulement une ville, mais la résolution heureuse d’une tension, butin de noces d’un flux marin venant s’allier à une couche d’air expirée par la campagne. Une campagne infinie et une mer infinie fondues en un seul éclat du jour et partout, sur ma terrasse, dans les rues, sur les quais, mais peut-être plus encore sur les places, plus propices que tout autre lieu au laisser-aller d’un long clignement d’yeux dans lequel venaient se suspendre d’infimes particules : ni sel ni paille ni cristaux ni phalènes, mais tout cela ensemble brassé et perçu dans un bonheur de chien couché, de lézard ou de robe blanche.

Et puis inversement un gris allégé par du soufre et des oxydes, un gris vivant et mobile dans lequel les structures des nuages composaient et décomposaient des mondes, drame sans furie agité dans les hauteurs par d’invisibles et souples machines, gris dilué d’embruns et de lueurs portés par la haute mer, la terre ces fois-là impuissante à contribuer au spectacle par un reflet d’elle-même – sinon une sorte d’élongation rousse et tremblante, terre repliée et solide comme une plaque, spectatrice émue et fraîche, préoccupée de ses abris et pourtant offerte.

L’été donc, la campagne entrait dans la ville et s’alliait à la mer, en un équilibre qui donnait aux murs la vibration du désert ou de la lande, tandis qu’en hiver, la ville liée au ciel marin était contrainte de se recueillir sur sa dimension purement humaine, attentive et active, secrètement inquiétée. Mais je dis l’hiver, l’été, or ce sont des fixes, des idéaux, et s’il arrive qu’ils s’incarnent et soient livrés à l’état pur, tout est la plupart du temps mêlé, fluctuant, en passe par le printemps et par l’automne, par des pressentiments et des repentirs, comme l’avait d’ailleurs noté Cormin, qui écrit dans son Journal, à la date du 8 mars 1850 : « Les saisons sont des composés, où l’élément pur arrive rarement seul, même lorsqu’il est la dominante. J’ai vu des hivers d’été et des printemps d’automne, l’annonce de la neige dans une tempête de septembre et celle du renouveau dans une embellie de janvier. »



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