Désastres urbains by Thierry Paquot

Désastres urbains by Thierry Paquot

Auteur:Thierry Paquot [Paquot, Thierry]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Sciences humaines et sociales
Éditeur: La découverte
Publié: 2019-07-29T14:29:01+00:00


Des partenariats public-privé… en faveur du privé

Si le gratte-ciel fut un symbole de la modernité, il se révèle à présent désuet et s’apparente à une sorte de rituel pour arrêter le temps et l’immobiliser dans un « âge d’or » du capitalisme sans contrainte énergétique ni environnementale. Il appartient à une autre époque et ce n’est certes pas un hasard si ce sont les pays du Golfe, l’Asie et la Russie qui s’en entichent, telle une revanche sur les pays qui les ont longtemps dominés et humiliés. Aux États-Unis ou dans la vieille Europe, leurs partisans sont de moins en moins nombreux, et c’est souvent par le biais des « partenariats public-privé » (« PPP ») qu’ils réussissent à en monter le financement. Une enquête systématique serait à mener sur ces « partenariats » pour savoir qui y gagne. En tout cas, à lire chaque semaine Le Canard enchaîné, l’impression domine que c’est toujours à l’avantage du secteur privé. Ainsi, par exemple, l’hebdomadaire écrivait (en février 2012) à propos du Pentagone à la française, près de la porte de Versailles à Paris : « Déjà ruineux sur le papier (3,5 milliards de loyer à payer au bétonneur – il s’agit de Bouygues – sur vingt-sept ans), ce projet pharaonique était censé, à la longue, faire gagner de l’argent à l’État grâce au regroupement des différents services de la Défense. Négatif, ce sera le contraire ! Les experts de Le Drian ont calculé que le coût par poste de travail sera plus élevé à Balard que dans les bureaux actuels […]. » Le futur palais de justice de la porte de Clichy ? Idem. Toujours selon le Canard (mai 2012), Christian Vigouroux, dans un rapport au candidat Hollande, a écrit que cet « énorme contrat » signé avec Bouygues va « peser considérablement sur le budget du ministère pendant plusieurs dizaines d’années ». De son côté, Mediapart (juillet 2012) précisait que le contrat signé prévoit un loyer annuel de 90 millions d’euros pendant vingt-sept ans. Si l’État annule ce projet, il devra verser 160 millions de dédommagements à l’entreprise de construction. Du coup, le dossier a échappé à la garde des Sceaux et s’est retrouvé à Matignon, où, semble-t-il, le Premier ministre a maintenu l’engagement de son prédécesseur auprès de Bouygues. L’avocat Cyril Bourayne, à l’origine de l’association Justice dans la cité, a dénoncé l’absence d’audit sur les besoins réels de la justice dans la capitale, l’oubli (?) des 60 millions d’euros dépensés depuis 2006 pour améliorer le site actuel du Palais de justice, les effets de la dématérialisation de certaines procédures, la possibilité d’aménager 11 000 m2 sous les combles, etc. Trait commun à tous les partenariats public-privé en France : le dépassement du devis. En effet, la facture finale est toujours curieusement plus lourde que la prévision de départ. Ainsi, par exemple, encore selon le Canard (février 2012), « le palace de justice de Bouygues » doit coûter, d’après son instigateur, le ministre de la Justice Michel Mercier, 575



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