Des Services secrets pour la France by Gérald Arboit

Des Services secrets pour la France by Gérald Arboit

Auteur:Gérald Arboit
La langue: fra
Format: epub
Tags: Du Dépôt de la Guerre à la DGSE – 1856-2013
ISBN: 978-2-271-08038-7
Éditeur: CNRS
Publié: 2014-02-05T16:00:00+00:00


La défaite du renseignement colonial

« L’Algérie, c’est la France », s’était exclamé le ministre de l’Intérieur, François Mitterrand, le 12 novembre 1954, à la tribune de l’Assemblée Nationale. Onze jours plus tôt, la « Toussaint rouge » avait marqué le début d’une nouvelle guerre coloniale, moins de quatre mois après la fin de celle d’Indochine. Ce point de vue métropolitain et politique apparaissait néanmoins en contradiction avec la réalité du renseignement dans cette possession d’outre-méditerranéen. En effet, la guerre d’Algérie apparaissait comme la continuation de celle qui venait de s’achever. Les structures d’information des autorités politiques et militaires étaient en tout point, identiques à celles ayant prévalu en Indochine. Les méthodes employées comme la menace étaient semblables. Seule changea l’implication du pouvoir politique, seulement après 1958, mais elle put empêcher le développement du conflit sur le territoire métropolitain. En tout, trois défaites importantes imputables à une communauté du renseignement qui ne pensait pas encore comme telle.

Le premier échec algérien était celui du régime colonial. Bien qu’il se fût agi de départements français, la sous-administration était générale, et les structures du renseignement étaient les mêmes qu’en Indochine. Le Gouvernement général en était le coordinateur depuis qu’en 1934 il avait importé six officiers des Affaires indigènes du Maroc. L’objectif était d’établir un « centre de renseignements indigènes », suite à l’explosion d’antisémitisme des 3 au 8 août précédents à Constantine{960}. La mission initiale du Centre d’information et d’études était donc la surveillance du territoire pour le compte de la direction des Affaires musulmanes. Après les événements insurrectionnels du 8 mai 1945, liés à la pénurie de blé{961} et la mise en place d’une politique d’« indigénisation », il fut rebaptisé, le 8 septembre suivant, Service d’information et de documentation indigène et mis à disposition de la direction des Réformes. Sa mission était d’élaborer, à partir de sources essentiellement ouvertes, des synthèses sur les mouvements agitant les populations musulmanes. Finalement, le recentrage de la direction des Réformes sur son « plan d’action communal » amena une nouvelle transformation. Un arrêté du gouvernement général du 2 mai 1947 plaça le nouveau Service de liaison nord-africain (SLNA) dans une position de coordination des différents services de renseignement civil (renseignements généraux, gendarmerie) et militaires (2e Bureaux interarmées et des quatre corps d’armées), ainsi que du réseau des administrateurs civils des communes mixtes à partir d’officiers détachés dans les trois préfectures d’Alger, d’Oran et de Constantine{962}. Seules lui échappaient les données recueillies par les 51 fonctionnaires de la DST, qui ne rendaient compte qu’à Paris, ainsi qu’à leurs confrères de Rabat et de Tunis. Surtout, ils procédaient à leurs propres infiltrations et arrestations.

Le SNLA ne disposait donc pas d’informateurs, hormis quelques « personnes, européennes et musulmanes s’intéressant aux affaires arabes » et ne désirant pas avoir de « contacts policiers ». Son chef, le colonel Paul Schœn, était un vieux routier des affaires musulmanes : affecté aux Affaires indigènes marocaines en 1934, il avait rejoint l’Algérie quatre ans plus tard et suivi les péripéties administratives devant mener au SLNA et lui en donner la direction{963}.



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