Des milliers de places vides by Alain Wagneur (France)

Auteur:Alain Wagneur (France) [Wagneur, Alain]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Récit
Éditeur: Actes Sud
Publié: 2014-10-12T22:00:00+00:00

13 La date avait aussi été choisie parce qu’à l’époque on payait le loyer au propriétaire le 15 du mois. On avait donc attendu que les personnes concernées paient leur loyer avant de les arrêter.

14 Cité par Éric Conan in Sans oublier les enfants, p. 197.

19

Le dimanche 22 juillet 2012, je me suis rendu à la commémoration de la rafle du Vél d’Hiv.

C’était une belle journée d’été, très lumineuse, un temps de carte postale. Soixante-dix ans plus tôt, il faisait aussi beau sur Paris. Les rares survivants, les témoins, ont parlé d’une chaleur étouffante à l’intérieur du vélodrome.

Dimanche de juillet. Peu de monde dans les rues, et dans les rames du métro quelques jeunes gens vêtements légers sur des peaux bronzées. Des touristes, ou des Parisiens qui voulaient croire que Paris et sa plage étaient en bord de mer. Je suis descendu à la station Bir-Hakeim.

Rue Nélaton, quelques cars de CRS stationnaient, il y avait aussi le camion du service de déminage de la préfecture de police. Dans ce quartier prospère des bords de Seine, il m’était difficile de retrouver la ville que les raflés avaient vue par la vitre des autobus. Le quai de Grenelle était fermé à la circulation. Au milieu de la chaussée stationnaient en file les berlines de l’État. Un tapis rouge recouvrait des marches sur lesquelles des gardes républicains se tenaient bien raides.

Je suis monté sur l’esplanade qui surplombe le quai. Il y avait une foule sous des velums qui la protégeaient du soleil. Des écrans retransmettaient ce qui se passait à une centaine de mètres, au pied du monument. J’étais entouré de gens plutôt jeunes, entre vingt et cinquante ans, et qui semblaient se connaître. Des hommes portaient la kippa. Je ne me souviens pas d’avoir vu des enfants. Là-bas, un huissier annonçait le nom et les qualités des orateurs. M. Serge Klarsfeld, M. Richard Prasquier, président du Crif, M. le président de la République française, qui déclara entre autres : “La vérité c’est que la police française, sur la base des listes qui avaient été établies, s’est chargée d’arrêter des milliers d’enfants et de familles prises au piège le 16 juillet 1942. La gendarmerie les a escortés jusqu’au camp d’internement. La vérité, elle est dure, elle est cruelle, c’est que pas un soldat allemand, pas un seul, ne fut mobilisé pour cette opération. La vérité, c’est que le crime fut commis en France, par la France… Mais la vérité, c’est aussi que le crime du Vél d’Hiv s’est commis contre la France, contre ses valeurs, contre ses principes, contre son idéal. (…) L’honneur fut sauvé par les Justes et au-delà, par tous ceux qui surent s’élever contre la barbarie, par ces héros anonymes. (…) La Shoah est inscrite au programme de CM2, de la troisième, de la première. Il ne doit pas y avoir une seule école en France, un seul collège, un seul lycée où cela ne puisse être enseigné…”

Le président de la République conclut son intervention par le rappel

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