des hommes et des machines by collectif

des hommes et des machines by collectif

Auteur:collectif [Inconnu(e)]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2017-05-21T04:00:00+00:00


Kerry rappela Fitzgerald.

— Ce n’était pas une blague, tout à l’heure, dit-il. J’ai des hallucinations, ou quelque chose de ce genre. La radio… hé ! bien… elle vient de m’allumer une cigarette.

— Si c’est un gag ! dit Fitzgerald, mais sa voix sonnait faux.

— Ce n’est pas un gag. Et ce n’est pas une hallucination non plus… Je ne crois pas… Tu serais gentil de venir… de me faire quelques tests.

— Je suis là dans dix minutes ! dit Fitz. Prépare-moi un verre.

Il raccrocha et Kerry, déposant lui aussi le combiné, se retourna : juste à temps pour voir la radio qui sortait de la cuisine et allait benoîtement reprendre sa place dans la salle de séjour. Et cette armoire qui marchait, de son pas élastique, avait quelque chose de terrifiant. Kerry frissonna.

Il suivit la radio et la retrouva près de la fenêtre, immobile, impassible comme le sont généralement les meubles. Il ouvrit les portes, examina la platine, le bras du pick-up, les curseurs, les boutons. Il n’y avait là rien que de parfaitement normal. Il tâta de nouveau les pieds. Ils n’étaient pas en bois, décidément. Une espèce de plastique, mais qui semblait particulièrement solide. Ou peut-être était-ce quand même du bois. Il aurait sans doute suffi d’enlever un peu d’émail pour s’en assurer, mais Kerry ne pouvait se résoudre à donner des coups de canif dans ce bel appareil neuf ayant coûté si cher !

Il mit la radio et capta sans difficulté les stations locales. Le son était remarquable – anormalement remarquable, peut-être. Quant au tourne-disque…

Il prit L’Entrée des Boyards, de Halvorsen, mit le disque sur la platine, et actionna le levier. Le bras du pick-up manœuvra normalement, mais aucun son ! Examinant les choses de près, Kerry vit que le saphir touchait le sillon, et réagissait normalement, mais sans que le son soit amplifié. Ce qui était bizarre.

Kerry reprit le disque et, à ce moment, la sonnerie de l’entrée retentit. C’était Fitzgerald, un grand ténébreux au visage tanné et ridé sous une broussaille de cheveux gris. Il tendit une main franche.

— Où est-il, mon verre ?

— Il t’attend, Fitz. Viens dans la cuisine. Un whisky bien tassé ?

— Bien tassé.

— Viens !

Kerry marcha devant.

— Mais je vais te demander de ne pas le boire tout de suite. Je veux te montrer d’abord ma nouvelle radio.

— Celle qui lave la vaisselle ? demanda Fitzgerald. Que fait-elle d’autre ?

Kerry lui donna un verre.

— Elle ne joue pas les disques qu’on pose sur sa platine.

— Oh ! mais ce n’est pas grave, ça ! Si elle fait le ménage ! Allons voir ça.

Fitzgerald entra dans la salle de séjour, choisit le Prélude à l’après-midi d’un faune et s’approcha de la radio.

— Elle n’est pas branchée.

— Aucune importance ! dit Kerry.

— Des batteries ?

Fitzgerald posa le disque sur la platine.

— 33 tours, trente centimètres.

Il manœuvra deux boutons et se tourna triomphalement vers Kerry.

— Et ça marche !

Ça marchait, en effet.

— Essaie le disque de Halvorsen. Il est là !

Fitzgerald remplaça Debussy par Halvorsen, et redéclencha le mécanisme.



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