Des Hommes Dangereux by Lawrence Block

Des Hommes Dangereux by Lawrence Block

Auteur:Lawrence Block
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Babelcube Inc.
Publié: 2014-12-29T00:00:00+00:00


DIX

LE LUNDI MATIN ils commencèrent à charger les camions.

Il n’y avait pas de mémo à cet effet sur mon bureau. La seule chose qui m’y attendait était un télégramme codé de Georges qui, une fois déchiffré, disait juste : outsider. Ce qui voulait dire qu’il serait à Aberdeen ce soir-là. Ce n’était pas vraiment la peine de l’encoder juste pour ça. On peut extraire l’homme de l’Agence mais on ne peut pas extraire l’Agence de l’homme. Georges était incurable.

Il se trouve que le processus de décryptage m’empêcha presque de découvrir ce qu’il se passait avec le chargement. Je finis de détruire le télégramme ainsi que mes feuilles de brouillon et sortis juste à temps pour voir un des quatre camions blindés disparaitre dans un bâtiment, celui-là même où la cargaison était actuellement stockée. J’attendis, mais aucun autre camion ne se présenta. Je me demandais s’ils allaient charger et expédier les camions un par un. Si c’était le cas, on était dans la merde.

Je me dirigeais vers l’entrepôt et j’étais à mi-chemin quand Larry O’Gara en sortit et me salua. Il s’approcha en pressant le pas.

— Y a rien à voir, me dit-il. Phil est à l’intérieur, il les regarde charger. Ils en sont au troisième camion, et quand t’en as vu un, etc. Bon sang, quel froid. Ca va être comme ça tout l’hiver ?

— Je suis un étranger ici moi aussi.

— Encore quelques jours et on pourra tous ajouter ceci à notre liste de bons souvenirs. Allons à l’intérieur.

Nous entrâmes dans mon bureau. Il était encore enfumé à cause du télégramme que j’avais brûlé, mais si O’Gara le remarqua il n’en dit rien.

—Ils vont laisser les camions chargés à l’intérieur jusqu’à leur départ, dit-il. On pourra y aller plus tard pour jeter un oeil.

— Ca marche.

Il alluma une cigarette, se laissa aller contre le dossier de sa chaise, et posa ses pieds sur mon bureau.

— On a reçu des messages du quartier général ce matin.

— Ah bon. De la Direction ?

— Hm-mm. Phil t’en dira plus à son retour. Pour le moment, il se rend superflu. Les caisses doivent toutes être placées dans les bons camions, et les étiquettes avec « Ce côté vers le haut » doivent être correctement placées, et apparemment il pense que tout ça ne se fera pas s’il ne traine pas là-bas. C’est un drôle de type...

— Avec Baldy aux commandes, je peux comprendre sa logique.

— Oh, je ne sais pas. Les gorilles qui trimbalent les caisses ont l’air compétent, quel que soit le commandant. (Il fit tomber ses cendres par terre). Le camion pour le Texas a été chargé en premier, et c’était le plus important, alors je ne vois pas pourquoi il reste encore là-bas. Il ne devrait pas tarder. On t’a cherché hier, au fait.

— Ah ?

— A ton motel. On avait trouvé un type qui s’appelle Carr, un petit colonel qui se prétend joueur de bridge. On a pensé à toi pour être notre quatrième. Je crois que l’autre jour tu as dit que tu joues au bridge ?

— Je suis rouillé.



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