Des Colonies: Essai politique (French Edition) by Touré Sekou & Lumumba Patrice & Ferry Jules

Des Colonies: Essai politique (French Edition) by Touré Sekou & Lumumba Patrice & Ferry Jules

Auteur:Touré, Sekou & Lumumba, Patrice & Ferry, Jules [Touré, Sekou]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: A verba futuroruM
Publié: 2019-01-10T16:00:00+00:00


Antillais et Africains

Il y a deux ans, je terminais un ouvrage (6) sur le problème de l’homme de couleur dans le monde blanc. Je savais qu’il ne fallait absolument pas amputer la réalité. Je n’ignorais point qu’au sein même du « peuple noir », cette entité se pouvaient distinguer des mouvements malheureusement fort inesthétiques. Je veux dire, par exemple, que souvent l‘ennemi du nègre n’est pas le blanc, mais son congénère. C’est pourquoi je signalais la possibilité d’une étude qui contribuerait à la dissolution des complexes affectifs susceptibles d’opposer Antillais et Africains.

Avant d’entrer dans le débat nous voudrions faire remarquer que cette histoire de nègre est une sale histoire. Une histoire à vous soulever l’estomac. Une histoire en face de laquelle on se trouve totalement démuni si on accepte les prémisses des salauds. Et quand je dis que l’expression : « peuple noir » est une entité, j’indique par là que, les influences culturelles exclues, il ne reste plus rien. Il y a autant de différence entre un Antillais et un Dakarien qu’entre un Brésilien et un Madrilène. Ce qu’on cherche en englobant tous les nègres sous le terme « peuple noir », c’est à leur enlever toute possibilité d’expression individuelle. Ce qu’on cherche ainsi, c’est à les mettre dans l’obligation de répondre à l’idée qu’on se fait d’eux. Que serait le « peuple blanc » ? Ne voit-on donc pas qu’il ne peut y avoir qu’une race blanche ? Faut-il donc que j’explique la différence qui existe entre nation, peuple, patrie, communauté ? Quand on dit « peuple noir », on suppose systématiquement que tous les Noirs sont d’accord sur certaines choses; qu’il existe, entre eux, un principe de communion. La vérité est qu’il n’y a rien, a priori, qui puisse laisser supposer l’existence d’un peuple noir. Qu’il y ait un peuple africain, je le crois; qu’il y ait un peuple antillais, je le crois. Mais quand on me parle de « ce peuple noir », j’essaie de comprendre. Alors, malheureusement, je comprends qu’il y a là une source de conflits. Alors j’essaie de détruire cette source. Philosophiquement et politiquement, il n’y a pas de peuple africain. mais un monde africain. De même un monde antillais. Par contre, on peut dire qu’il existe un peuple juif; mais pas de race juive.

On me verra employer des termes comme : culpabilité métaphysique ou folie de pureté. Je demanderai au lecteur de ne point s’en étonner : ce sera exact dans la mesure où l’on comprendra que l’important ne pouvant être atteint ou, plus précisément, l’important n’étant pas souhaité, c’est sur le contingent que l’on se rabat. C’est une des lois de la récrimination et de la mauvaise foi. Retrouver l’important sous le contingent, telle est l’urgence. De quoi est-il question ici ? Je dis qu’en quinze ans il s’est produit une révolution dans les relations antillo-africaines. Je veux montrer en quoi consiste cet événement.

En Martinique, il est rare de constater des positions raciales tenaces. Le problème racial est recouvert par une



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