De sang sur mer d'huile by Charles Williams

De sang sur mer d'huile by Charles Williams

Auteur:Charles Williams [Williams, Charles]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier/thriller/espionnage
Éditeur: Gallimard
Publié: 1965-01-01T00:00:00+00:00


CHAPITRE IX

Mais il lui restait sa boussole. Elle la prit sur la couchette, souleva le crochet du couvercle de la boîte et chercha du regard une place où la poser. Il fallait autant que possible la caler sur un plan horizontal, parallèlement à la ligne médiane du navire, et s’arranger pour qu’elle ne bouge pas. Elle la posa à même le plancher, en plaçant l’arrière de la boîte au ras de la cloison, et chercha un objet pour la caler. Pas de caisses de conserves, surtout. Les boîtes étaient en métal, et ça aurait déréglé l’aiguille aimantée… Un sac à voiles, voilà ce qu’il lui fallait. Il en restait justement un d’inutilisé. Elle le tassa contre la paroi avant de la boîte. Ça suffit à la caler.

Elle s’agenouilla à côté du compas, en observant les mouvements du cadran mobile. Il indiquait 227 degrés. Puis, successivement, 228… 229… 228… 227… 226… 225… 224… 223… 224… 225… 226… 226… 226… 226…

Au bout de deux ou trois minutes, elle nota que le compas était toujours resté entre 220 et 231 degrés et, la plupart du temps, entre 223 et 229. Le cap que Warriner s’efforçait de maintenir était sans doute de 226 degrés. Elle regarda sa montre et griffonna une inscription sur le bloc-notes.

10 h. 226 degrés. Vit. approx. : 6 nœuds.

« Ça ira comme ça », pensa-t-elle. Elle n’avait plus maintenant qu’à noter les changements de cap éventuels.

Mais comment reprendre la barre ?

Il était parfaitement vain d’essayer de raisonner Warriner ; elle s’en était déjà aperçue. Tenter de le maîtriser de vive force ? C’était trop manifestement absurde. Pas la peine d’y songer. D’ailleurs, il était maintenant sur ses gardes. Il fallait donc que la prochaine tentative réussisse du premier coup.

Certes, elle ne perdait pas de vue qu’il finirait bien par s’endormir. Elle n’aurait plus qu’à le ligoter et à virer de bord pour aller rejoindre John. Mais une objection qui mettait tous ses beaux projets par terre lui vint aussitôt à l’esprit : en fait, Warriner ne dormirait pas. Ou alors trop tard pour qu’elle puisse sauver John. Les horribles et mystérieux souvenirs qu’il s’efforçait de fuir parcouraient les couloirs obscurs de son cerveau ; aussi longtemps que le moteur continuerait à tourner, il ne l’arrêterait pas. En matière de psycho-pathologie, elle ne s’y connaissait guère mieux qu’un profane, mais elle savait qu’un esprit en proie à une obsession, à une terreur maladive, est capable de résister à la fatigue pendant un temps incroyable. Il resterait à la barre jusqu’à ce que le moteur tombe en panne faute de carburant.

Quelles réserves de mazout avaient-ils à bord ? En marchant au moteur, le Sarrazin disposait d’un rayon d’action de deux cents milles. Quand ils avaient quitté Panama, les réservoirs étaient pleins, mais chaque jour, John faisait tourner le moteur pendant un certain temps pour recharger les batteries et empêcher l’air saturé d’humidité tropicale d’endommager les machines. Sur dix-neuf jours, ça représentait un total d’une dizaine d’heures. Au régime modéré auquel John maintenait son moteur lorsqu’il tournait, ça signifiait un parcours d’une cinquantaine de milles.



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